Décryptage technologique

Activité physique : les objets connectés peuvent-ils nous motiver ?

Appli, jeux vidéo actifs, montres intelligentes, plateformes… les outils numériques consacrés à l’activité physique ont-ils fait leurs preuves pour nous motiver à bouger davantage ? Et conviennent-ils à tous les publics, depuis les enfants jusqu’aux personnes âgées ? On fait le point.


L’activité physique est largement reconnue comme bénéfique pour la santé. À l’inverse, l’inactivité physique représente un facteur de risque majeur pour le développement de maladies non transmissibles. Face à ce constat, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a établi des recommandations.

Les adultes devraient pratiquer entre 150 et 300 minutes d’exercice aérobie d’intensité modérée (comme la marche rapide), ou entre 75 et 150 minutes d’activité soutenue par semaine. Pour les personnes âgées, ces recommandations incluent également des exercices d’équilibre tandis que, pour les enfants, 60 minutes d’activité physique quotidienne sont préconisées. Pourtant, une grande partie de la population ne parvient pas à atteindre ces niveaux de pratique.




À lire aussi :
Activité physique et santé : aménager nos espaces de vie pour contrer notre tendance au moindre effort


Les outils numériques semblent constituer un levier prometteur pour l’adoption d’un mode de vie plus actif. Mais quels sont ces outils, et dans quelle mesure permettent-ils d’encourager la pratique d’une activité physique ?

Peuvent-ils constituer un moyen efficace d’engagement et de motivation, ou se heurtent-ils à des limites en termes d’accessibilité, d’usabilité ou de durabilité de leurs effets ?

Engagement et motivation pour la pratique d’une activité physique : de quoi parlons-nous ?

L’engagement reflète l’implication d’un individu dans un domaine, tandis que la motivation est l’énergie qui le pousse à agir, qu’elle soit intrinsèque (plaisir personnel, bien-être) ou extrinsèque (influencée par des récompenses).

Dans le domaine des activités physiques et sportives, des études montrent que la motivation impacte les émotions, la vitalité et les performances des pratiquants. Celle-ci constitue un facteur clé de réussite, en lien avec la théorie de l’autodétermination, qui repose sur trois besoins psychologiques fondamentaux : l’autonomie, le lien social et le sentiment de compétence.

Engagement et motivation sont donc essentiels pour maintenir une pratique régulière et dépendent d’un ensemble de facteurs psychologiques, sociaux et environnementaux. À long terme, un mode de vie actif repose sur l’adoption de stratégies adaptées qui tiennent compte de ces différents déterminants.

Montres intelligentes, applis, plateformes ou jeux vidéo actifs

Les outils numériques ont profondément transformé notre quotidien. Appliqués à l’activité physique, ils présentent plusieurs avantages, tels que la mesure et l’enregistrement des performances, le suivi des progrès, le partage des données avec d’autres pratiquants ou encore la gamification, c’est-à-dire l’intégration d’éléments de jeu à des contextes non ludiques, ce qui rend la pratique plus attractive.

Les objets connectés, notamment les montres intelligentes, développées par des marques comme Fitbit, Apple ou Garmin, sont de plus en plus populaires parmi les pratiquants.


Activité physique : les objets connectés peuvent-ils nous motiver ?

Chaque mardi, le plein d’infos santé : nutrition, bien-être, nouveaux traitements… Abonnez-vous gratuitement dès aujourd’hui.


Ces dispositifs permettent de mesurer le nombre de pas, la fréquence cardiaque ou les calories brûlées, tout en encourageant l’atteinte d’objectifs quotidiens. Ils offrent également une vision claire de l’évolution des performances et renforce la motivation à poursuivre l’effort.

Avec plusieurs millions de téléchargements à travers le monde, les applications mobiles consacrées à l’activité physique sont devenues des outils incontournables pour encourager une pratique régulière.

Des plateformes telles que Strava, Fitbit, Nike Training Club ou MyFitness, proposent des programmes personnalisés adaptés aux objectifs des utilisateurs, qu’il s’agisse de perte de poids, de gain musculaire ou d’amélioration de l’endurance.

Certaines de ces applications incluent des fonctionnalités de suivi des progrès, des défis entre pratiquants et des rappels pour maintenir la régularité de la pratique. Ce type de gamification transforme l’effort physique en un défi motivant, tout en générant un sentiment d’accomplissement.

Voués aux enfants et adolescents… également aux personnes âgées

Les jeux vidéo actifs, ou exergames, s’avèrent particulièrement pertinents pour les enfants et les adolescents, en combinant exercice physique et jeu vidéo. Qu’il s’agisse d’exercices aérobiques, de renforcement ou d’équilibre, les consoles, comme la Nintendo Wii ou Switch, mais aussi la Xbox et la PlayStation, encouragent le mouvement de façon ludique.

Ces technologies sollicitent également certaines fonctions cognitives (attention, contrôle exécutif), ce qui peut présenter un intérêt chez les personnes âgées.




À lire aussi :
Pour booster son cerveau, quelles activités physiques privilégier après 60 ans ?


Quant à la pratique de l’activité physique par le biais de visioconférences, elle a connu son essor durant la crise sanitaire, et est restée largement utilisée après la fin du confinement.

Ce mode d’entraînement à distance, accessible via des plateformes, comme Zoom, Teams ou Google Meet, permet de lever certains freins à la pratique, notamment chez les individus vivant dans zones géographiques éloignées ou confrontées à des limitations physiques, liées à l’âge ou à une pathologie, qui restreignent leurs déplacements.

Des technologies prometteuses, mais qui présentent des limites

Si ces outils ouvrent de nouvelles perspectives, notamment pour les groupes vulnérables, ils peuvent aussi présenter des limites, comme le renforcement de l’isolement, en remplaçant les activités de groupe par des pratiques individuelles.

Les enjeux financiers représentent également une barrière. Les outils plus performants étant souvent coûteux, ils risquent d’accentuer les inégalités d’accès. L’ergonomie peut aussi poser des freins, notamment pour les personnes âgées ou en situation de handicap, si les interfaces ne sont pas suffisamment adaptées.

Une complexité excessive peut en fait décourager les débutants et limiter l’adoption de ces outils par certaines populations. Et il reste à déterminer si les comportements peuvent vraiment être impactés par leur utilisation.

Le changement de comportement en matière d’activité physique désigne un processus graduel par lequel une personne modifie ses habitudes pour adopter une pratique régulière. Selon le modèle dit transthéorique du changement (développé par Prochaska et Di Clemente), outre la motivation et l’engagement, le soutien social et l’accessibilité représentent également des facteurs clés.

Une étude a montré que les applications pour l’activité physique intègrent des techniques de changement de comportement, telles que des instructions pour la réalisation des exercices, la fixation d’objectifs, la planification du soutien ou du changement social, ainsi que le feedback sur les performances. Ces outils semblent avoir des effets plus intéressants chez les néo-pratiquants, en augmentant leur motivation à débuter la pratique.

Des résultats scientifiques encourageants mais encore restreints

Concernant les preuves scientifiques relatives aux effets de ces technologies, une méta-analyse a révélé des augmentations significatives du niveau d’activité physique chez les participants soumis à des interventions basées sur des applications pour smartphones, par rapport aux groupes contrôles bénéficiant des séances classiques.

Ces résultats encourageants ont également été observés dans un essai contrôlé randomisé, où les applications mobiles ont considérablement augmenté le nombre moyen de pas quotidiens. En revanche, ces effets n’ont été étudiés que sur le court terme. Cette limite fréquemment relevée dans la littérature scientifique empêche d’évaluer pleinement leur potentiel à générer des changements de comportement durables. Par ailleurs, certaines recherches s’appuient sur des échantillons de petite taille, ce qui restreint la généralisation des résultats.

Si ces technologies suscitent un intérêt croissant – en grande partie grâce à leurs fonctionnalités et leur dimension ludique –, elles présentent à la fois des avantages et des limites, sur le plan pratique comme sur le plan scientifique.

Néanmoins, dans un contexte où l’inactivité physique atteint des niveaux préoccupants, toute solution susceptible de favoriser l’activité physique mérite une attention particulière.

À ce stade des connaissances, il apparaît pertinent de considérer ces outils numériques comme des moyens complémentaires pouvant contribuer à l’adoption d’un mode de vie plus actif.

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

Auteur : Simone Burin-Chu, Enseignante-chercheuse contractuelle, Université d’Artois

Aller à la source

Artia13

Bonjour ! Je m'appelle Cédric, auteur et éditeur basé à Arles. J'écris et publie des ouvrages sur la désinformation, la sécurité numérique et les enjeux sociétaux, mais aussi des romans d'aventure qui invitent à l'évasion et à la réflexion. Mon objectif : informer, captiver et éveiller les consciences à travers mes écrits.

Artia13 has 2827 posts and counting. See all posts by Artia13