Apple : les temps forts de la WWDC 2025, Liquid Glass fait déjà débat
Ça va jaser
Sitôt terminée, la conférence d’ouverture de la WWDC 2025 fait déjà débat, notamment sur le grand renouvellement visuel débuté par Apple. Cette année est surtout marquée par bon nombre d’annonces transversales, avec de fortes conséquences en perspective : interface, disponibilité des fonctions, support des produits, jusqu’à un repositionnement des iPad.
Apple était attendue au tournant cette année. Ses déboires avec l’intelligence artificielle sont nombreux, surtout autour du nouveau Siri. Les annonces autour de l’IA ont été réduites à la portion congrue, mais l’entreprise n’a pas totalement botté en touche : les vraies nouveautés seront présentées l’année prochaine. Il faudra donc attendre encore un an, alors que les progrès dans ce domaine sont rapides.
De nombreuses annonces étaient transversales, concernant plusieurs plateformes, voire toutes. Par exemple, le numéro de version est désormais le même pour tout le monde : l’année à venir. Cet automne, iOS, macOS, iPadOS, tvOS, watchOS et visionOS seront ainsi tous estampillés « 26 ». Une harmonisation bienvenue, car il n’était pas toujours simple de comprendre les grands écarts entre les plateformes (iOS 18, macOS 15, watchOS 10, visionOS 2…).
Liquid Glass, la transparence selon Apple
Très vite, Apple a présenté son nouveau langage visuel, Liquid Glass. Il va prendre la relève de l’ère « flat » initiée par iOS 7 puis affinée pendant 12 ans. Les grands aplats sont remplacés par des plaques de verre plus ou moins dépoli selon le contexte et réintroduisent un peu de matière, sans aller jusqu’aux grandes heures du skeuomorphisme.
Liquid Glass est transversal. Inspiré de visionOS, il déboule sur toutes les plateformes de l’éditeur, avec un impact visuel plus ou moins fort selon les cas. À la manière de ce que l’on a vu récemment chez Google avec Material 3 Expressive, les interactions font la part belle aux animations.
Liquid Glass modifie tous les éléments de base des interfaces. Que l’on soit dans iOS, macOS, tvOS ou watchOS, aucun élément n’est épargné : boutons, curseurs, commutateurs, texte, commandes multimédias, barres d’outils, barres latérales, écrans verrouillé et d’accueil, centre de contrôle, widgets, notifications…
Dans de nombreux cas – surtout les applications Apple intégrées pour l’instant – les barres d’outils fixes disparaissent au profit de contrôles flottants, dont la barre de menu de macOS. Le contenu devient alors affiché sur l’intégralité de l’écran, surtout sur iOS et iPadOS. Ces contrôles sont en « verre » et affichent le contenu par transparence, mais dans une version déformée, avec un léger effet de lentille. Apple veut accentuer l’idée que le contenu est roi, les contrôles n’étant là que pour l’accompagner.
Dans la plupart des cas, Liquid Glass n’aura aucun impact fonctionnel. Comme Apple l’a expliqué durant la conférence, le nouveau traitement doit apporter de la « légèreté et de la vie, tout en restant familier ».
Les Mac, des téléphones comme les autres
Le nouveau macOS, nommé Tahoe, reprend bien sûr Liquid Glass et ajoute quelques autres modifications. Les coins des fenêtres sont plus arrondis, toutes les icônes des applications reçoivent le traitement « verre » et on peut désormais personnaliser leur affichage. Comme sur iOS, on peut leur imposer un affichage clair ou sombre, teinter automatiquement le fond des icônes avec la couleur principale du fond écran ou encore forcer leur transparence. Toutes ne sont pas compatibles avec ce traitement.


macOS Tahoe reçoit en outre plusieurs apports directement issus d’iOS. C’est le cas notamment de l’application Téléphone, qui remplace officiellement FaceTime. Il s’agit de la même que sur les téléphones, avec des capacités identiques. Elle récupère donc les nouveautés présentées hier soir, comme le regroupement des appels provenant de numéros inconnus, la possibilité de laisser le téléphone répondre à ces derniers pour demander de se présenter, ou encore la fusion de toutes les listes, dont l’historique et les messages vocaux.

Toujours dans cette optique de transversalité, macOS récupère les Activités en direct. Le Mac va puiser dans l’iPhone pour récupérer l’élément et l’afficher en haut à droite de l’écran. Pour rappel, les Activités en direct permettent d’afficher un petit encart dans lequel l’évolution d’une action apparait. Par exemple, une commande de nourriture ou l’arrivée d’un VTC. La fonction n’apparait qu’avec les actions compatibles. Cependant, elle réclame Recopie de l’iPhone, qui n’est toujours pas disponible en Europe.

Spotlight et Raccourcis, les vraies stars
Même si l’ajout de ces nouveautés est sympathique, les vrais temps forts relatifs à macOS étaient les améliorations pour la recherche de Spotlight et l’application Raccourcis.
Spotlight fait un bond important. D’outil de recherche, il devient palette de commandes. On peut ainsi s’en servir pour déclencher des actions, comme rédiger et envoyer un e-mail, créer un rappel, déclencher la lecture d’une musique, et ainsi de suite.

Pour Apple, Spotlight peut servir désormais de porte d’entrée vers l’ensemble des actions sur la machine. On peut s’en servir pour accéder rapidement à un dossier, une application, un historique quelconque ou encore au presse-papier, qui affiche dès lors la liste de tout ce que l’on a copié récemment. Apple a également ajouté des raccourcis rapides pour certaines actions, comme « sm » pour envoyer un message ou « ar » pour ajouter un rappel. Ces raccourcis peuvent être personnalisés et l’utilisateur peut en ajouter d’autres. Avec les applications intégrées, les actions sont effectuées sans avoir besoin de les ouvrir.
Spotlight se sert en outre d’Apple Intelligence pour personnaliser au fur et à mesure ses recommandations. Si une personne semble effectuer souvent un certain type d’action, Spotlight le proposera dès son ouverture, selon l’heure de la journée et le contexte, dont l’application active à ce moment.

Raccourcis est l’autre grande évolution cette année. La nouvelle version va puiser dans Apple Intelligence pour suggérer des raccourcis basés sur les tâches souvent effectuées. Si une étudiante enregistre fréquemment une version audio d’un cours tout en prenant des notes, Raccourcis suggèrera une action pour analyser le fichier audio et comparer avec les notes, afin de signaler des éléments manquants.
Toutes les fonctions liées à Apple Intelligence, notamment les outils d’écriture, deviennent disponibles dans Raccourcis. On peut dès lors automatiser des tâches comme le résumé d’un texte ou la création d’une image dans Playground.
L’iPad, ce Mac comme les autres
L’autre temps fort des annonces, c’est le nouveau système de fenêtrage d’iPadOS. Après des années de demandes en ce sens, il semble que la firme ait abandonné toute résistance et ait enfin donné ce que beaucoup attendaient.

Concrètement, depuis une application en plein écran, on peut désormais saisir le coin inférieur droit et redimensionner la fenêtre. Celle-ci vient alors flotter en version réduite sur le bureau, puisque l’on peut réellement parler de bureau.
Ce principe s’accompagne de plusieurs mécanismes propres au Mac chez Apple. Les fenêtres sont ainsi équipées des mêmes boutons d’actions (rouge, jaune et vert), avec des conséquences identiques. L’agencement (tiling) est aussi le même, avec deux applications se partageant verticalement la moitié de l’écran, ou quatre applications réparties sur chaque quart. Le menu est identique à macOS. Même le mode Exposé est là, avec le même geste tactile que sur Mac : trois ou quatre doigts glissant vers le haut.


Cette nouvelle gestion des fenêtres change radicalement les perspectives d’utilisation des tablettes chez Apple, qui peuvent presque s’utiliser comme des MacBook. L’entreprise indique d’ailleurs avoir retravaillé son curseur de souris, désormais plus précis.
Ces changements importants s’accompagnent d’un gros effort sur la gestion des fichiers. Comme dans Tahoe, on peut ainsi colorer des dossiers et leur affecter un emoji pour les personnaliser. Le Dock se manipule presque comme sur macOS et permet par exemple d’épingler un dossier.
Enfin, iPadOS récupère l’application Aperçu, permettant la manipulation des PDF, de la lecture à l’annotation.
Apple sur la défensive
Cette conférence d’ouverture ne semble pas avoir soulevé les foules. Les améliorations présentées, en dehors de certains temps forts comme le nouveau système de fenêtrage sur iPadOS, n’ont pas provoqué un grand enthousiasme.
C’est particulièrement vrai avec Liquid Glass. Le grand renouvellement graphique inspire globalement la méfiance, avec de nombreux doutes exprimés sur la lisibilité, les éventuels problèmes d’accessibilité ou la consommation de batterie liée aux effets graphiques de transparence et de déformation. Certains sont allés jusqu’à comparer Liquid Glass à Windows Vista. Gardons cependant en tête que seule la première bêta pour développeurs est disponible et que l’ensemble peut évoluer. Apple a d’ailleurs indiqué hier soir qu’il ne s’agissait que du « début du voyage ».

Autre gros problème souligné, l’absence presque totale de nouveautés liées à l’IA. Le souci n’est pas tant que cette dernière soit essentielle dans tous les cas de figure, mais elle est devenue rapidement un facteur de différenciation entre l’ancien monde et le nouveau. Le manque criant de réactivité d’Apple sur le sujet risque d’affecter encore l’image de l’entreprise.
Une image déjà écornée par le « Siri conversationnel » qui avait été promis et qui, d’ailleurs, n’est toujours pas là. Il va s’écouler toute une année avant qu’Apple ait quelque chose de significatif à présenter. Même si Apple intelligence est mieux intégré, notamment dans Spotlight et Raccourcis, l’efficacité générale – en particulier sur le texte et les images – risque de faire rapidement pâle figure face aux capacités des modèles d’OpenAI, Anthropic ou Google.
Dans une deuxième actualité, nous nous pencherons sur le reste des annonces et les informations pratiques, comme la compatibilité et la disponibilité.
Auteur : Vincent Hermann
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