Le monde de l’aérospatiale a connu une journée décevante ce lundi 3 mars, avec l’annulation de deux lancements très attendus : celui de la fusée européenne Ariane 6 et celui de Starship, le lanceur géant de SpaceX. Ces reports mettent en lumière les défis techniques auxquels sont confrontées les nouvelles générations de fusées, malgré les ambitions de conquête spatiale toujours plus grandes.
Ariane 6 : un deuxième lancement repoussé
La nouvelle fusée européenne Ariane 6, opérée par Arianespace pour le compte de l’Agence spatiale européenne (ESA), devait effectuer son deuxième vol le 3 mars. Le lancement, prévu depuis le port spatial européen de Kourou, en Guyane française, à 11h24 EST (17h24 heure de Paris), avait pour mission de placer en orbite le satellite espion français CSO-3. Cependant, le lancement a été annulé peu avant 11 heures EST en raison de la nécessité d’effectuer des opérations supplémentaires sur un équipement au sol en interface avec le lanceur, selon le communiqué publié par Arianespace.
Cette annulation est un nouveau revers pour Ariane 6, qui a déjà pris du retard dans son développement. Conçue pour remplacer la fusée Ariane 5, retirée du service en 2023 après 117 missions, Ariane 6 a été lancée pour la première fois en juillet 2024. Lors de ce vol inaugural, la fusée avait mis en orbite neuf cubesats, mais l’étage supérieur n’avait pas réussi à achever la combustion nécessaire à la préparation du déploiement de deux capsules expérimentales. L’ESA a donc pris le temps de résoudre ces problèmes avant cette deuxième tentative, qui reste désormais en attente d’une nouvelle date.
Le satellite CSO-3, que devait embarquer Ariane 6, est le troisième et dernier élément de la constellation d’observation militaire française dans le cadre du programme MUSIS (Multinational Space-based Imaging System). Placé sur une orbite héliosynchrone à environ 800 kilomètres d’altitude, ce satellite permettra une observation constante des mêmes zones terrestres à des heures solaires fixes, une caractéristique précieuse pour les missions de surveillance et de renseignement.

Starship : un huitième vol d’essai avorté
De l’autre côté de l’Atlantique, SpaceX a également dû faire face à un report pour sa fusée Starship, la plus grande et la plus puissante jamais construite. Prévu depuis le site de Starbase, au Texas, le huitième vol d’essai de Starship a été interrompu à T-40 secondes du décollage en raison de problèmes techniques non précisés affectant les deux étages du véhicule : le booster Super Heavy et l’étage supérieur Ship. SpaceX n’a pas encore annoncé de nouvelle date, bien que l’entreprise ait évoqué la possibilité d’une tentative dès le lendemain.
Starship, conçu pour être entièrement réutilisable, représente un élément clé dans la vision d’Elon Musk d’établir des colonies humaines sur la Lune et Mars. Depuis son premier vol en avril 2023, Starship a effectué sept vols d’essai, chacun permettant de franchir de nouvelles étapes malgré des incidents récurrents. Le vol précédent, en janvier 2025, avait par exemple réussi la récupération du booster Super Heavy grâce aux bras de la tour de lancement, mais le vaisseau avait été perdu en raison de fuites de propulseur et avait explosé au-dessus de l’océan Atlantique.
Le huitième vol de Starship devait poursuivre les objectifs du précédent en tentant de déployer des satellites Starlink factices et en testant la récupération du booster. Si tout se passe comme prévu lors de la prochaine tentative, le booster Super Heavy reviendra se poser sur la rampe de lancement, tandis que l’étage supérieur Ship effectuera une trajectoire partielle autour de la Terre avant un amerrissage contrôlé dans l’océan Indien.