Dans les salles les plus propres du monde, la Nasa a découvert des intrus… et ça pose un sérieux problème
Certains êtres vivants microscopiques sont décidément capables de survivre à toutes les procédures de protection planétaire ! Quelque 26 nouvelles espèces de microbes ont été retrouvées en salle blanche, où a été assemblée une sonde martienne de la Nasa. Cette nouvelle découverte relance le débat sur les risques de pollution d’autres planètes par des missions spatiales de l’Humanité.
À quel point un environnement peut-il être stérile ? Nous avons des normes internationales qui indiquent la qualité des salles blanches où sont assemblées les sondes spatiales, les satellites, leurs composants et les instruments scientifiques. Quand on réalise un reportage en salle blanche, on demande régulièrement à notre hôte : « ISOISO-combien ? ».
Un bloc opératoire est censé être qualifié ISO-5 s’il est suffisamment stérile aux yeuxyeux des inspecteurs de l’Organisation internationale des Normalisations (ISO). C’est un des plus hauts degrés requis quand on construit des composants spatiaux en salle blanche. La plupart des salles sont conçues pour être ISO-6, mais la plupart du temps, l’environnement est autour d’ISO-8, ce qui est déjà très exigeant : la composition de l’air est suivie, on entre en salle, habillé avec une charlotte, et en plus masque, bonnet sur le crânecrâne, parfois des gants, et bien sûr des protections qui recouvrent les chaussures.
26 nouvelles bactéries qui résistent à tout
Toutes les normes de qualité d’environnement stérile ne font parfois pas le poids face à la résiliencerésilience de la vie. Ainsi, 26 nouvelles bactériesbactéries auparavant inconnues ont été découvertes dans les salles blanches où a été assemblée la sonde PhoenixPhoenix de la Nasa qui s’est posée sur Mars en 2008.
Publiée dans la revue Microbiome, l’étude a été réalisée par des chercheurs du Jet Propulsion Laboratoty, institut de la Nasa où sont assemblées et pilotées les sondes américaines d’exploration spatiale, avec l’aide de chercheurs indiens et saoudiens. Son but est de déterminer comment ces extrémophiles sont capables de survivre dans les difficiles conditions du vol spatial afin de permettre un meilleur suivi des risques de pollution d’une autre planète par une sonde terrienne.
Les microbesmicrobes ont été découverts sur le site de préparation des charges utiles du Kennedy Space Center, là où les sondes sont testées une dernière fois et préparées au décollage depuis Cap Canaveral.
Risques de pollution des données scientifiques
C’est ce qui pourrait faire la différence entre le potentiel scientifique des prochaines missions américaines et chinoises de recherche de trace de vie extraterrestre. Pour le Mars Sample Return de la Nasa, les échantillons ont été collectés très consciencieusement avec un consortium de scientifiques comme guide, et surtout dans des sites qui n’ont pas été pollués par la descente et l’atterrissage du rover PerseverancePerseverance sur Mars en 2021.
La mission chinoise Tianwen-3 sera, elle, tout-en-un et aura fatalement moins de temps et moins d’espace pour collecter des échantillons. La sonde pourrait alors polluer ses échantillons martiens avec des êtres extrémophiles qu’elle a elle-même apportés depuis notre Planète.
Étant donné que nous savons que les dispositions de protection planétaire encore aujourd’hui infaillibles, cela interroge sur les risques de contaminationcontamination par nos bactéries d’astresastres pouvant accueillir de la vie, comme les luneslunes glacées de JupiterJupiter, ciblées par les États-Unis, la Chine, ainsi que l’Europe avec JuiceJuice, dans l’espoir de découvrir de la vie extraterrestre un jour.
Auteur : Daniel Chrétien, Rédacteur scientifique
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