Décollage de Tianwen-2 : la Chine lance sa mission la plus ambitieuse pour rapporter des fragments d’astéroïde !
C’est un jour historique pour la Chine et sa conquête du Système solaire. Une fusée Long March 3B a mis en orbite la sonde Tianwen-2, dont la mission principale est la récupération d’échantillons d’astéroïde. Mais ce n’est pas le seul objectif de cette mission ambitieuse !
Ce mercredi 28 mai à 19 h 30 heure de Paris (29 mai à 01 h 30 heure locale), une fuséefusée Long March de la China Aerospace Science and Technology Corporation (Casc) a décollé depuis le centre spatial du Xichang. À bord, se trouvait un nouveau pilier des rêves de conquête du Système solaire par la Chine : la mission Tianwen-2. Objectif : retour d’échantillons d’astéroïde.
Après avoir réussi à deux reprises à rapporter des roches de la Lune, dont une première mondiale avec une collecte sur la face cachée, la Chine vise désormais encore plus difficile : la collecte d’échantillons d’astéroïdes, un objectif que seuls le Japon et les États-Unis ont réussi à faire avec respectivement les missions HayabusaHayabusa et Osiris-RexOsiris-Rex. Avec Tianwen-2, la Chine compte rejoindre ce club très fermé des puissances spatiales expertes en missions automatiques complexes.
En route vers Kamo’oalewa
L’agence spatiale chinoise est prête pour le rendez-vous. Le 13 décembre 2012, la Chine réalisait un premier survolsurvol d’astéroïde avec la sonde lunaire Chang’e 2 (Toutatis), l’occasion d’un prolongement de mission. Une bonne partie des manœuvres à connaître pour le retour d’échantillons d’astéroïde a déjà été répétée à deux reprises avec Chang’e 5 et 6.
Tianwen-2 vise l’astéroïde 469219 Kamo’oalewa (2016 HO3), qui fait partie de ces géocroiseurs dont l’orbite autour du SoleilSoleil est proche de celle de notre Planète. L’étude sur place de ces astresastres et le prélèvement d’échantillons est très intéressant pour la compréhension des objets qui tournent dans les environs des planètes telluriquesplanètes telluriques. Ce genre de missions permet d’acquérir également beaucoup d’expériences en exploration spatiale robotiquerobotique ainsi qu’en défense planétaire.
L’astéroïde Kamo’oalewa est considéré comme un quasi-satellite de la Terre. Sa taille est estimée entre 40 et 100 mètres de diamètre. Selon les analyses spectrales des chercheurs, l’astéroïde serait un morceau de notre Lune éjecté à l’occasion d’un impact.
Retour sur Terre des échantillons en 2027
L’aventure commence pour Tianwen-2 ! La sonde va devoir parcourir des millions de kilomètres avant d’atteindre l’astéroïde. Tianwen-2 qui devrait se mettre en orbite en juillet 2026. S’ensuivra une longue étude de sept mois de l’astéroïde à distance, avant de procéder au rendez-vous à la surface.
Tianwen-2 devrait utiliser trois méthodes de collecte. La première serait de capturer les échantillons avec un bras robotique dans une manœuvre de « Touch-and-Go » : la sonde s’approche de la surface, prélève et s’éloigne juste après. Ce type de manœuvre a déjà été faite par les sondes Osiris-Rex et Hayabusa-2Hayabusa-2.
La méthode suivante est de forer la surface à l’aide d’une tête rotative. La dernière méthode est de se poser sur l’astéroïde si la surface le permet. Ce type de manœuvre est complexe, car il se déroulera en environnement de microgravitémicrogravité. Au total, la Chine compte rapporter sur Terre entre 200 et 1000 grammes d’échantillons, ce qui est déjà énorme pour les scientifiques.
Après l’astéroïde, cap sur une comète !
Une fois les échantillons prélevés, ils seront placés dans une capsule. Celle-ci sera larguée lors du passage de retour sur Terre de Tianwen-2 fin 2027. Protégée par un bouclier thermique, la capsule traversera notre atmosphèreatmosphère et sera récupérée dans le désertdésert de Gobi. Mais ce ne sera pas la fin de la mission.
Après son passage sur Terre pour larguer la capsule, Tianwen-2 va poursuivre son voyage vers un tout autre objectif : une comètecomète. La sonde fera voile vers 311P/PANSTARRS, qui tourne autour du Soleil deux fois plus loin que la Terre. Tianwen-2 va étudier la comète et sa poussière pour mieux comprendre son comportement à travers la Ceinture principale d’astéroïdes. Cet objectif sera aussi un important test de longévité pour la sonde, en préparation des missions suivantes encore plus ambitieuses.
Le programme Tianwen : explorer le système solaire
Après une première mission réussie sur Mars en 2021 avec Tianwen-1, la Chine vise astéroïdes et comètes avec Tianwen-2. La mission suivante sera encore plus extrême : Tianwen-3 décollera en 2028 pour rapporter des échantillons martiens sur Terre d’ici 2031. Vu que le programme Mars Sample ReturnMars Sample Return de la NasaNasa bat de l’aile et est menacé d’être annulé par l’administration Trump, la Chine pourrait bien devenir la première puissance spatiale à rapporter des pierres de Mars sur Terre.
Avec Tianwen-4, la Chine vise encore plus fort : un atterrissage sur CallistoCallisto, la dernière lune galiléenne de JupiterJupiter. Pourquoi alors aussi doubler la Nasa dans la recherche de vie dans ces lunes glacées ? La sonde qui doit décoller en 2030 pose néanmoins quelques interrogations et inquiétudes sur le risque de pollution de la lune jovienne si la mission Tianwen-4 ne suit pas assez les procédures de protection planétaire.
Auteur : Daniel Chrétien, Rédacteur scientifique
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