
Le chant des sirènes est réputé envoûtant. Mais c’est à un autre chant, non moins fascinant, que des astronomes ont aujourd’hui succombé. Celui d’une étoile proche de notre Terre.
Que les sirènes chantent, tout le monde le sait. Enfin, vous voyez ce que je veux dire… Mais saviez-vous que les étoiles aussi chantent ? Disons qu’elles vibrent. Comme le font les instruments de musique. À des fréquences, toutefois, que nos oreilles ne peuvent pas percevoir. Alors, les astronomesastronomes ont développé des instruments qui permettent de les capter. Ceux de l’astrosismologie. « Les vibrations d’une étoile sont comme son chantchant unique », raconte Yaguang Li, chercheur à l’université d’Hawaï (États-Unis), dans un communiqué du Keck Observatory (États-Unis). « En écoutant ces oscillations, nous pouvons déterminer précisément la masse, la taille et l’âge de l’étoile en question. »
C’est ce que son équipe a fait pour l’étoile nommée HD 219134. C’est remarquable parce que jusqu’ici, les astronomes avaient surtout écouté les chants d’étoiles plus chaudes que notre Soleil. Grâce à des télescopestélescopes spatiaux de la NasaNasa comme Kepler ou TessTess. Mais HD 219134 est une étoile orange plus froide, dont les missions spatiales peinent à capter les subtiles vibrations.
Les secrets d’une étoile ancienne
Dans The Astrophysical Journal, les chercheurs expliquent ainsi comment ils ont exploité pour cela le dernier instrument de pointe de l’observatoire Keck, le KeckKeck Planet Finder (KPF). Le seul au monde capable d’une telle prouesse. Plus de 2 000 mesures ultra-précises effectuées sur quatre nuits consécutives pour déterminer finalement que HD 219134 est âgée de 10,2 milliards d’années. C’est plus de deux fois plus que notre Soleil.
Surtout, cette estimation donne aux astronomes une indication cruciale pour les aider à comprendre le vieillissement stellaire. Il faut en effet savoir que les chercheurs déterminent aussi l’âge des étoiles en fonction de leur vitesse de rotationvitesse de rotation. Parce que plus les étoiles sont jeunes, plus elles tournent rapidement. Un peu comme des toupies qui ralentissent au fil du temps. Mais pour les étoiles comme HD 219134, il semble se produire quelque chose d’étrange. Leur décélération s’arrête. Ainsi, disposer d’une autre méthode pour déterminer leur âge, « c’est comme retrouver un diapason perdu depuis longtemps pour les horloges stellaires », commente Yaguang Li. « Cela nous donne un point de référence pour calibrer la décélération des étoiles sur des milliards d’années. »
Un mystère révélé par le chant de l’étoile
Les astronomes de l’université d’Hawaï ont également découvert que HD 219134 pourrait être plus petite qu’ils le pensaient. De 4 % environ. Cela semble peu, mais c’est suffisant pour questionner les hypothèses de la modélisationmodélisation stellaire pour les étoiles froides. Les chercheurs ignorent pour l’heure si cette différence peut s’expliquer par des effets atmosphériques ou des champs magnétiqueschamps magnétiques méconnus ou s’il faut s’attendre à des problèmes de modélisation plus profonds.
Mieux connaître la taille de cette étoile permet aussi aux chercheurs de préciser la taille et la densité des planètes qui l’entourent. Car elle abrite au moins cinq exoplanètesexoplanètes. Dont deux, donc, qui présentent probablement une composition semblable à celle de la Terre, avec des surfaces solidessolides et rocheuses. De quoi faire de HD 219134 l’une des cibles privilégiées de futures missions qui chercheront la vie ailleurs dans notre Univers comme l’Observatoire des mondes habitables (Nasa).
Auteur : Nathalie Mayer, Journaliste
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