Vous avez bien lu : aucun astronaute n’a jamais quitté l’atmosphère terrestre. Bien sûr, ils ont franchi les frontières de la planète pour atteindre des stations spatiales comme l’ISS ou même se poser sur la Lune, mais selon certaines définitions scientifiques, ces missions ont toujours eu lieu dans notre atmosphère. Une notion qui pourrait changer à mesure que nous comprenons mieux les frontières de l’espace.
L’atmosphère terrestre, une frontière floue
En premier lieu, qu’est-ce que l’atmosphère terrestre et comment est-elle définie ? L’atmosphère est la couche de gaz qui entoure la Terre, composée principalement d’azote et d’oxygène. Elle ne s’arrête pas brusquement, comme un mur invisible, mais devient progressivement de plus en plus ténue à mesure que l’on prend de l’altitude. Il est donc difficile de déterminer où elle se termine exactement.
Traditionnellement, les scientifiques utilisent la ligne de Kármán, située à 100 kilomètres au-dessus du niveau de la mer, pour définir la frontière de l’espace. Cette ligne est communément reconnue comme le début de l’espace, car c’est à cette altitude que l’air devient trop rare pour permettre aux avions traditionnels de voler. Mais cette limite, bien qu’elle soit un repère pratique, n’est pas une frontière nette, et en réalité, l’atmosphère terrestre s’étend bien au-delà.
La Station spatiale internationale (ISS) : dans l’atmosphère, pas dans l’espace
La Station spatiale internationale (ISS), dont l’altitude varie entre 400 et 420 kilomètres, est souvent perçue comme un laboratoire flottant dans l’espace. Pourtant, elle évolue dans une zone où l’atmosphère terrestre est encore présente. À ces altitudes, l’air est extrêmement rare, mais il est suffisamment dense pour exercer une légère traînée sur la station, ce qui nécessite des ajustements réguliers pour maintenir son orbite.
Doug Rowland, un expert de la NASA, l’explique très clairement : « Si l’on considère l’atmosphère dans laquelle nous vivons et respirons, elle ne s’arrête pas juste au-dessus de nos têtes. Elle s’étend bien au-delà de ce que l’on appelle la ligne de Kármán. » De fait, si les moteurs de l’ISS étaient éteints, la station finirait par redescendre sur Terre à cause de cette traînée atmosphérique.
L’atmosphère s’étend bien plus loin que prévu
Mais la véritable surprise survient lorsqu’on examine les découvertes récentes concernant l’étendue de l’atmosphère terrestre. Une étude menée en 2019 par l’ESA et la NASA révèle en effet que la géocouronne, un nuage d’hydrogène qui fait partie de notre atmosphère, s’étend jusqu’à environ 630 000 kilomètres dans l’espace. Cela signifie que la Lune, par exemple, se trouve encore dans l’atmosphère terrestre. Lorsque les astronautes de la mission Apollo ont marché sur la surface lunaire, ils étaient encore (techniquement) dans notre atmosphère, bien que l’air à cette distance soit extrêmement rare (environ 0,2 atome d’hydrogène par centimètre cube).
Cette découverte remet en question l’idée selon laquelle l’espace commence à 100 kilomètres d’altitude. La géocouronne représente une véritable extension de notre atmosphère bien au-delà de ce que l’on pensait. Pour les astronautes qui ont atteint la Lune, cela signifie qu’ils n’ont pas réellement quitté l’atmosphère terrestre au sens strict.
L’espace reste un lieu mystérieux
Si cette vision plus large de l’atmosphère terrestre bouscule les idées reçues, elle souligne également à quel point nous commençons à peine à comprendre les frontières entre la Terre, l’espace et au-delà. De plus, cette perspective pourrait avoir des implications intéressantes pour l’exploration spatiale future, notamment lorsqu’il s’agira de définir de manière plus précise les zones de transition entre notre planète et l’espace interplanétaire.
Ainsi, même si des astronautes comme Neil Armstrong ou Youri Gagarine ont franchi les frontières de la Terre, il semble qu’ils n’aient jamais réellement quitté l’atmosphère terrestre au sens strict. Mais qu’importe, leur exploration a ouvert des portes vers un univers infiniment vaste, dont les mystères ne cessent de nous fasciner.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
