Actualité

La Chine en passe de décrocher le Graal martien avant la Nasa mais un risque majeur inquiète les experts !

Le développement de la mission de retour d’échantillons martiens de la Nasa et de l’ESA a été marqué par une grande instabilité depuis ses débuts. Des retards, des modifications fréquentes des objectifs et des défis budgétaires ont entravé la progression de ces missions. Aujourd’hui, son sort est en suspens comme évoqué dans un précédent article. En revanche, la mission chinoise Tianwen-3, qui vise également à rapporter des échantillons de Mars, semble bénéficier d’une plus grande stabilité. En effet, elle n’est pas soumise aux mêmes contraintes budgétaires ni à des changements d’architecture, ce qui la positionne favorablement pour atteindre ses objectifs. Si tout se passe comme prévu, la Chine pourrait réussir à rapporter des échantillons sur Terre dès 2033, après un lancement prévu en 2030.

Si la Nasa renonce aux échantillons de Mars, l’ESA pourrait se tourner vers Deimos pour en récupérer !

La Chine est donc en passe de devenir le premier pays à rapporter des échantillons de Mars sur Terre, pourtant un objectif prioritaire pour la Nasa depuis plusieurs décennies…

Cependant, malgré cette avancée apparente de la mission Tianwen-3, Francis RocardFrancis Rocard, spécialiste de l’exploration martienne, met en garde contre un éventuel optimisme excessif. Selon lui, il est essentiel de « nuancer ce succès potentiel » et de rappeler que le « retour d’échantillons de Mars ne se limite pas à un exploit technique, mais répond à des objectifs scientifiques variés, notamment la recherche de traces de vie ancienne ». Cela soulève la question de la « qualité et de la pertinence des échantillons recueillis ». Même si la mission chinoise réussit à rapporter des échantillons sur Terre, cela ne « garantit pas que les échantillons soient de qualité ou significatifs sur le plan scientifique ». Explications.

Une approche moins ambitieuse

La mission Mars Sample Return (MSR) de la Chine est souvent perçue comme moins avancée technologiquement par rapport à celle de la Nasa et de l’ESA en raison de son architecture plus simple. Cela peut susciter l’idée d’une approche moins ambitieuse. Cependant, comme le souligne Francis Rocard, « cette simplicité est relative, car rapporter des échantillons depuis la Lune, un astéroïde ou même Mars et ses lunes constitue un véritable exploit technologique ». En revanche, la mission de la Nasa et de l’ESA se « distingue par sa capacité technique à se poser avec précision sur des sites difficiles d’accès ». Avec le rover PerseverancePerseverance, la Nasa a démontré sa capacité à « collecter et à conditionner un large éventail d’échantillons issus de divers terrains et environnements martiens ». Ces deux points – l’ambition technique et la diversité des échantillons – représentent donc « des différences fondamentales entre les approches adoptées par les missions chinoise et occidentale ».

La mission chinoise repose sur deux lancements de la fuséefusée Long March 5, incluant un atterrisseur, un véhicule de remontée, un orbiteur et un module de retour. Cet atterrisseur ne sera pas capable de se déplacer. Pour collecter des échantillons, il utilisera un bras robotiquerobotique et une perceuse. Cependant, les actions de collecte seront limitées à un rayon de deux mètres autour de son site d’atterrissage, restreignant ainsi la diversité des échantillons.

Dans ce contexte, même si la « mission chinoise est en avance et pourrait être la première à rapporter des échantillons sur Terre », Tianwen-3 est, du point de vue scientifique, plus limitée par rapport à la mission de la Nasa et de l’ESA. Comme le souligne Francis Rocard, la « diversité des sites choisis est essentielle pour obtenir une vision la plus large possible des conditions passées sur Mars. Collecter des échantillons à partir de différents sites stratégiques est primordial pour des résultats significatifs ». Cela implique un choix stratégique de « ces sites en fonction de leur intérêt scientifique. Cette diversité est absolument majeure ». Or, elle est absente avec la mission chinoise.

Quelles solutions pour rapporter les roches martiennes sur Terre ? Entretien avec Francis Rocard

Concrètement, bien que la mission chinoise ait pour objectif de recueillir des échantillons d’un intérêt indéniable, les « attentes doivent rester modérées en ce qui concerne la recherche de la vie ». En effet, ces échantillons ne porteront pas sur les « domaines liés à l’exobiologieexobiologie ou à la recherche de traces de vie, qu’elles soient éteintes ou en activité ». L’accent sera mis sur la « datation, la géochimie et l’analyse de la poussière martienne, que l’on suppose bien plus dangereuse que celle de la Lune. Des caractéristiques telles que sa toxicitétoxicité et son potentiel irritable soulèvent des préoccupations quant aux risques associés ».

La Chine n’a pas encore dévoilé le site d’atterrissage de la mission Tianwen-3. Début 2024 elle a réduit à trois le nombre de sites envisagés pour sa mission :

La question de l’atterrissage 

Bien que ces sites abritent des environnements potentiellement favorables à la vie, tels que des systèmes sédimentaires ou hydrothermaux, les restrictions d’atterrissage de Tianwen-3 seront très fortes, ce qui « l’empêchera d’accéder aux sites les plus prometteurs en matièrematière de vie martienne ».

Le Mars Sample Return de la Nasa et de l’ESA « plus que jamais nécessaire et considérée comme une voie privilégiée pour réaliser des découvertes significatives concernant la vie martienne »

Sans surprise, la Chine mise judicieusement sur la sécurité en visant une « ellipse d’atterrissage de 50 kilomètres sur 20, tandis que la mission MSR de la Nasa et de l’ESA ambitionne un atterrissage d’une précision sans précédent, avec une zone cible de seulement 8 kilomètres de diamètre, à proximité de Perseverance ». Pour la chine, cette approche permet de « garantir un atterrissage sécurisé en évitant les terrains accidentés, les obstacles tels que les rochers et les pentes abruptes ».

On peut donc affirmer que ces contraintes techniques accentuent l’attrait de la mission Mars Sample ReturnMars Sample Return de la Nasa et de l’ESA, qui est « plus que jamais nécessaire et considérée comme une voie privilégiée pour réaliser des découvertes significatives concernant la vie martienne ».

Auteur : Rémy Decourt, Journaliste

Aller à la source

Artia13

Bonjour ! Je m'appelle Cédric, auteur et éditeur basé à Arles. J'écris et publie des ouvrages sur la désinformation, la sécurité numérique et les enjeux sociétaux, mais aussi des romans d'aventure qui invitent à l'évasion et à la réflexion. Mon objectif : informer, captiver et éveiller les consciences à travers mes écrits.

Artia13 has 2437 posts and counting. See all posts by Artia13