Le plus grand boom depuis le Big Bang : Des astronomes découvrent une explosion cosmique jamais vue
Imaginez une explosion si puissante qu’elle surpasse
les plus brillantes supernovae jamais enregistrées…
et reste visible pendant des années. Ce n’est pas de la
science-fiction, mais une toute nouvelle classe d’événements
cosmiques, baptisés “transitoires nucléaires extrêmes” (ENT), que
les astronomes viennent tout juste de découvrir.
Un phénomène 25 fois plus
énergétique qu’une supernova
Les ENT (pour “extreme nuclear
transients” en anglais) ne sont pas de simples supernovae : ce sont
des explosions stellaires provoquées par des trous noirs
supermassifs. Lorsque des étoiles massives — au moins trois fois
plus lourdes que notre Soleil — s’approchent trop près de ces
monstres gravitationnels, elles sont littéralement déchirées, et
leur matière est lentement engloutie. Cette phase d’accrétion
génère une luminosité hors échelle.
L’exemple le plus
spectaculaire à ce jour, Gaia18cdj, a produit une énergie
équivalente à 25 fois celle d’une supernova ultra-lumineuse. Pour
donner une idée, une supernova classique libère en un an autant
d’énergie que le Soleil en 10 milliards d’années. Gaia18cdj a émis
l’équivalent de 100 soleils en une seule année.
Un événement long, stable, et
jamais vu
Ce qui rend ces ENT encore
plus déroutants, c’est leur durée et leur régularité. Alors qu’une
supernova brille quelques semaines ou mois, les ENT restent
visibles pendant plusieurs années, avec une lumière étonnamment
stable. Ce comportement unique a permis aux astronomes de les
identifier comme une nouvelle classe d’événements cosmiques.
C’est Jason Hinkle, doctorant
à l’IfA, qui a repéré ces anomalies lumineuses dans les données de
la mission européenne Gaia. Ce satellite, dédié à la cartographie
de notre galaxie, détecte toutes les variations de luminosité, sans
en préciser l’origine. En analysant les relevés, Hinkle a repéré
deux éruptions venant du cœur de galaxies lointaines. Leur montée
en intensité lente et soutenue ne correspondait à aucun phénomène
connu.

supermassif. Crédit : Université d’Hawaï
Une enquête astronomique
mondiale
Une fois ces deux ENT
identifiés, une vaste campagne d’observation a été lancée. Des
télescopes du monde entier — notamment l’observatoire WM Keck à
Hawaï et le Système d’alerte d’impact terrestre d’astéroïdes de
l’Université de Houston — ont scruté ces sources pendant plusieurs
années.
Les données collectées dans
toutes les longueurs d’onde (optique, infrarouge, ultraviolet…) ont
permis de confirmer une hypothèse audacieuse : ces explosions ne
peuvent pas être des supernovae. Leur intensité, leur profil de
lumière et leur localisation en plein cœur galactique pointent vers
une seule cause possible : la lente digestion d’une étoile par un
trou noir supermassif.
Mais même cela ne suffit pas à
expliquer la régularité de l’émission lumineuse. Contrairement aux
éruptions chaotiques habituelles observées dans les noyaux actifs
de galaxies, les ENT présentent une évolution presque mécanique,
suggérant un processus d’accrétion totalement inédit.

pendant près d’un an. Crédit : Université d’Hawaï
Une fenêtre sur l’univers
lointain (et ancien)
Selon les chercheurs, cette
découverte est bien plus qu’une curiosité. Les ENT pourraient
devenir de véritables outils pour observer la croissance des trous
noirs dans les galaxies lointaines, à des époques où l’univers
était bien plus jeune.
« Grâce à leur puissance
extrême, ces événements peuvent être détectés à des milliards
d’années-lumière. Cela revient à regarder des scènes de l’univers
quand il avait la moitié de son âge actuel », explique
Benjamin Shappee, co-auteur de l’étude.
En étudiant ces signaux, les
astronomes pourraient mieux comprendre comment les trous noirs
géants ont grandi au fil du temps, et comment ils ont influencé
l’évolution des galaxies.
Une rareté cosmique bientôt
traquée
Les ENT sont au moins 10
millions de fois plus rares que les supernovae, ce qui explique
pourquoi ils n’ont été détectés que très récemment. Mais de
nouveaux observatoires comme le télescope Vera C. Rubin (USA) ou le
télescope spatial Roman (NASA) devraient en révéler des dizaines,
voire des centaines, dans les années à venir.
Cela pourrait bien
révolutionner notre compréhension des trous noirs, mais aussi
réécrire une partie de l’histoire cosmique.
En résumé
Les transitoires nucléaires
extrêmes (ENT) sont une nouvelle classe d’explosions stellaires
d’une puissance inégalée, provoquées par l’ingestion d’étoiles
massives par des trous noirs supermassifs. Leur découverte ouvre
une nouvelle fenêtre sur les origines de l’univers, et pourrait
transformer la manière dont les astrophysiciens étudient les trous
noirs et l’évolution galactique.
Auteur : Brice Louvet
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