Les astronautes d’Apollo ont tous développé une étrange affection… que s’est-il passé sur la Lune ?
Le 21 juillet 1969,
Neil Armstrong marquait
l’histoire en posant le premier pas humain sur la Lune. Un exploit
extraordinaire qui symbolise la conquête spatiale. Mais derrière
cette prouesse technologique se cache un mystère médical encore
aujourd’hui mal compris : une étrange affection surnommée le «
rhume des foins lunaire ».
Un mal inattendu pour les héros
lunaires
Lors des missions Apollo,
notamment Apollo 17 en 1972, plusieurs astronautes ont présenté des
symptômes inhabituels après leurs sorties sur la surface lunaire.
Congestion nasale, éternuements, irritation de la gorge… Ces signes
ressemblent à ceux d’une allergie, mais dans un environnement
dépourvu d’air et d’allergènes terrestres, cette réaction a
intrigué les médecins.
C’est Harrison Schmitt, géologue et astronaute de la
mission Apollo 17, qui a donné un nom à ce phénomène : le « rhume
des foins lunaire ». Mais qu’est-ce qui pouvait bien déclencher
cette inflammation chez des hommes en combinaison spatiale
hermétique ?
La poussière lunaire : la
coupable invisible
Les analyses post-mission ont
révélé que des particules extrêmement fines de poussière lunaire
s’étaient infiltrées dans les combinaisons des astronautes. Très
légères et chargées électrostatiquement, ces poussières ont la
capacité de rester en suspension plus longtemps que sur Terre, où
la gravité et l’atmosphère les ramènent rapidement au sol.
Ces grains, cinquante fois
plus fins qu’un cheveu humain, pénètrent jusque dans les moindres
recoins des combinaisons et peuvent atteindre les voies
respiratoires, provoquant inflammation et irritation. Cette
poussière contient notamment du silicate, un minéral volcanique
qui, sur Terre, est connu pour causer des problèmes pulmonaires
chez les mineurs exposés.

de la mission Apollo 15 en 1971. Crédit : NASA
Un danger connu… mais dont
l’étendue reste inconnue
Si la cause probable de ce «
rhume lunaire » est bien identifiée, la véritable énigme réside
dans les conséquences à long terme de cette exposition. Comment
cette poussière affecte-t-elle réellement les poumons et les autres
organes ? Peut-elle provoquer des maladies chroniques ou des
dommages irréversibles ?
À ce jour, les données sont
limitées. Le nombre d’astronautes ayant marché sur la Lune reste
faible, et les effets prolongés n’ont pas été suffisamment étudiés.
Le pneumologue Kim Prisk, spécialiste de la médecine spatiale,
soulignait en 2018 que « nous ne savons pas encore à quel point
cette poussière est dangereuse » et que « ces particules peuvent
rester dans les poumons pendant des mois, voire des années, ce qui
pourrait entraîner des complications sérieuses ».
Un défi pour l’avenir de
l’exploration spatiale
Ce mystère médical est
d’autant plus crucial que les projets de missions lunaires
prolongées et d’établissements humains sur la Lune ou Mars se
multiplient. Protéger la santé des astronautes contre cette
poussière si particulière est devenu un enjeu majeur.
Les ingénieurs et chercheurs
travaillent aujourd’hui à concevoir des matériaux et des systèmes
capables d’empêcher la poussière de pénétrer dans les habitats ou
les combinaisons, et à mieux comprendre ses effets biologiques
grâce à des simulations et des expériences.
En résumé, le « rhume des
foins lunaire » est un rappel que l’exploration spatiale ne
concerne pas seulement la conquête technique, mais aussi la
compréhension et la gestion des risques sanitaires, encore
largement méconnus. La poussière lunaire, si anodine en apparence,
pourrait bien constituer une menace invisible à laquelle il faudra
impérativement faire face pour continuer à aller toujours plus loin
dans l’espace.
Auteur : Aline
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