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Les inconvénients du paillage que les jardiniers ne mentionnent pas toujours

Chaque printemps, c’est le même scénario : on déballe les sacs de paille ou de miscanthus, avec l’enthousiasme de ceux qui protègeront leurs jardins des envahisseurs !  En effet, le paillage, c’est LA promesse d’un jardin sans mauvaises herbes, d’un sol toujours humide et de légumes heureux. Cependant, le tableau n’est pas toujours aussi idyllique. Avant de couvrir tout votre potager, il vaut mieux connaître les limites de cette technique en apparence magique. Car non, le paillage ne règle pas tous les problèmes. Comme souvent au jardin, tout est question de dosage, de timing… et de météo. Ce geste que l’on pense universel peut, mal appliqué, devenir contre-productif. Il mérite donc qu’on s’y attarde un peu plus sérieusement, surtout quand les beaux jours reviennent. Prenez donc quelques minutes avant de sortir la brouette : vous pourriez éviter quelques mauvaises surprises…

Le paillage du jardin, qu’est-ce que c’est ?

Le paillage consiste à recouvrir le sol avec une couche de matière organique (ou minérale), comme la paille, les feuilles mortes ou le bois raméal fragmenté (BRF), un mélange de bois destiné au paillage. Objectif ? Protéger le sol, limiter l’évaporation, éviter les herbes indésirables et nourrir la terre à long terme. Bref, sur le papier, c’est parfait. Mais, dans la vraie vie, le paillis peut aussi semer quelques… embûches. Il peut modifier la température du sol, perturber certaines cultures, attirer des indésirables ou même bloquer les semis. Et, tout dépend aussi du type de paillage utilisé. Chaque matière possède ses particularités : certains enrichissent le sol, d’autres acidifient ou appauvrissent. Il est donc essentiel de connaître son sol, ses cultures et les besoins de son potager avant de généraliser ce geste.

Le paillage doit être étalé sur toute la surface de la terre sur une profondeur de 3 à 7 centimètres.
Le paillage doit être étalé sur toute la surface de la terre sur une profondeur de 3 à 7 centimètres. Crédit photo : Nathalie Kleczinski pour NeozOne

Inconvénient n° 1 : un sol qui peine à se réchauffer

Le premier faux pas ? Pailler trop tôt. Le paillis agit comme une couverture : il garde la chaleur… mais également le froid ! Si vous couvrez un sol encore glacé en sortie d’hiver, il restera tiède. Résultat : vos semis stagnent, les plants végètent, et le potager boude. Attendez que la terre atteigne les 12 °C pour pailler en toute sérénité. Certains légumes, comme les tomates ou les courgettes, ont besoin d’un sol bien chaud pour démarrer. Un paillage trop hâtif peut ralentir leur croissance. Le problème, c’est qu’on a tendance à suivre le calendrier plus que le thermomètre. Pourtant, un sol froid sous paillis reste froid longtemps, même si le soleil brille. Il est donc préférable d’attendre la bonne fenêtre météo avant d’agir.

Inconvénient n° 2 : les semis en mode camouflage

Vous avez semé vos carottes en pleine terre ? Le paillis risque de compliquer leur levée. Les petites graines ont besoin de lumière et de contact avec le sol. Sous une couche de foin, elles se perdent comme des chaussettes orphelines dans la machine. Et, on ne parle même pas du BRF qui bloque carrément leur émergence… Le sol sous paillage devient irrégulier, souvent trop meuble ou trop compact, selon la matière choisie. Cela gêne la germination des graines fines. De plus, certaines matières dégagent de l’humidité qui, combinée à un sol frais, peut provoquer des pourritures précoces. Il faut donc prévoir des zones sans paillis pour les semis directs, ou bien pailler plus tard, après la levée.

Infographie : quels sont les inconvénients du paillage à connaître avant de vous lancer ?
Infographie : quels sont les inconvénients du paillage à connaître avant de vous lancer ? Crédit infographie : neozone.org.

Inconvénient n° 3 : l’invasion des limaces

Ah, les limaces, celles qui ont fait capituler ma mère et son potager ! Ces petites gourmandes raffolent de l’humidité douillette que procure le paillage. Surtout les modèles bien frais et moelleux. Si vous avez déjà vu une salade grignotée façon puzzle, vous voyez de quoi je parle. Et, même si elles ont leur rôle, elles n’hésiteront pas à se servir avant vous. Résultat : récolte mâchouillée et jardinier frustré. Elles s’installent en famille sous les paillis épais, en particulier en zones ombragées. Les matières comme le foin ou les feuilles mortes procurent un abri parfait. Pour les limiter, il faut alterner les textures, éviter les paillis trop épais et favoriser les prédateurs naturels. Mais, soyons honnêtes : il y aura toujours une ou deux limaces qui gagneront la partie.

Un plant de tomate avec du paillage au sol.
Le paillage du sol présente de nombreux avantages, mais également quelques inconvénients qu’il est important de connaitre. Crédit photo : A. Bonazzi pour NeozOne

Inconvénient n° 4 : les oiseaux en mode laboureurs

Les oiseaux, c’est sympa. Jusqu’à ce qu’ils décident de gratter votre paillis pour y chercher leur déjeuner. Ils déterrent tout, y compris vos jeunes pousses. Les merles, surtout, sont les rois du désordre végétal. Si vous venez de planter vos salades, prévoyez une bonne dose de patience… ou un filet de protection ! Les oiseaux ne cherchent pas à nuire : ils fouillent à la recherche de vers, d’insectes, ou de graines oubliées. Mais, leur passage peut transformer vos rangs bien alignés en champ de bataille. Certains jardiniers utilisent des branchages ou des filets légers pour limiter les dégâts.

Des inconvénients, mais aussi des avantages

Malgré ces petites déconvenues, le paillage reste un allié précieux. Il limite les arrosages, freine les mauvaises herbes, protège le sol de l’érosion et nourrit la terre en douceur. À condition de l’utiliser au bon moment, avec les bons matériaux, et en adaptant l’épaisseur à la saison. 5 cm de foin au printemps, 10 cm en été, un petit retrait en automne : c’est ça, le vrai rythme du jardinier malin. Le paillis crée aussi un microclimat bénéfique pour les micro-organismes du sol. Il favorise la biodiversité, limite les arrosages répétitifs et participe au retour de la matière organique. Le tout, sans recourir à des intrants chimiques. En somme, le paillage est une belle invention… à manier avec précaution. C’est une technique vivante, qui s’adapte, se module et se respecte, comme le sol qu’elle recouvre.

Broyat de déchets végétaux.
Broyer vos déchets verts peut servir pour le paillage au jardin. Photo d’illustration non contractuelle. Crédit : A. Bonazzi pour NeozOne

Alors, on paille ou on ne paille pas ?

Et vous, êtes-vous plutôt paillage intégral dès mars ou adepte du test à la main avant d’étaler la moindre poignée de foin ? Le paillage n’est pas un geste anodin. C’est un acte qui demande observation, timing et parfois remise en question. S’il est utilisé avec discernement, il peut véritablement transformer votre jardin. Mais, mal appliqué, il ralentit, perturbe ou dessert vos efforts. Alors, avant de foncer tête baissée dans les copeaux ou les feuilles, prenez le temps de regarder votre sol, d’écouter votre climat local, et d’ajuster vos gestes.

Un système de goutte-à-goutte.
Un sol paillé avec un système d’irrigation. Crédit photo : Alexandre Bonazzi pour NeozOne

C’est là, et seulement là, que le paillage devient une vraie alliée, et non une habitude mécanique. Le jardin, c’est comme la cuisine : une question de dosage, pas de recette figée. Une réaction, un retour, une anecdote à partager ? Cliquez ici pour publier un commentaire . On lit tout avec attention ! Une erreur s’est glissée ? Vous pouvez également nous en faire part !

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Auteur : Méline Kleczinski

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Artia13

Bonjour ! Je m'appelle Cédric, auteur et éditeur basé à Arles. J'écris et publie des ouvrages sur la désinformation, la sécurité numérique et les enjeux sociétaux, mais aussi des romans d'aventure qui invitent à l'évasion et à la réflexion. Mon objectif : informer, captiver et éveiller les consciences à travers mes écrits.

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