L’Europe face aux restrictions chinoises sur les terres rares
Protego Diabolica
Face aux restrictions chinoises sur l’exportation de certains matériaux indispensables à nos industries, avec déjà des conséquences industrielles, l’Europe se doit de réagir. Le Parlement dénonce : « cette décision est injustifiée et revêt un caractère coercitif ». Il cherche aussi de nouvelles solutions.
Dans un communiqué, le Parlement européen rappelle que « la Chine détient une position quasi-monopolistique sur le marché mondial ». Le pays a mis en place des restrictions qui ne sont pas du gout de l’Europe et qui veut donc s’émanciper.
La Chine impose des restrictions sur 40 % des terres rares
« Le 4 avril 2025, la Chine a commencé à imposer des restrictions à l’exportation sur sept des 17 terres rares et sur les aimants permanents produits à partir de celles-ci […] et a invoqué des considérations de double usage et de sécurité comme justification ». Voici les sept éléments concernés : samarium, gadolinium, terbium, dysprosium, lutétium, scandium et yttrium.
Les députés ont adopté une résolution (523 pour, 75 contre et 14 abstentions), affirmant « que cette décision est injustifiée et revêt un caractère coercitif, compte tenu de la position quasi-monopolistique de la Chine ». Les députés se disent aussi « profondément préoccupés par les exigences chinoises imposées aux demandeurs de licences d’exportation de communiquer des données sensibles ».
L’Europe cherche partenaires respectueux des droits humains
Cette résolution ne peut pas avoir d’effet direct sur la position de la Chine (qui est souveraine dans sa décision), mais soulève la question pour l’Europe de chercher de nouveaux partenaires « respectant des standards élevés en matière de durabilité et de droits humains ». Le dialogue reste ouvert et le Parlement compte profiter du prochain sommet UE-Chine prévu pour les 24 et 25 juillet 2025.
Les députés demandent à la Commission et aux États membres d’accélérer la mise en place du règlement sur les matières premières critiques (Critical Raw Materials Act ou CRMA). Il prévoit trois axes de développement : « accroître et diversifier l’approvisionnement de l’UE en matières premières critiques », « renforcer la circularité, y compris le recyclage » et « soutenir la recherche et l’innovation en matière d’utilisation efficace des ressources et de mise au point de substituts ».
Le Parlement rappelle que l’« approvisionnement sûr et durable en matières premières critiques est fondamental pour atteindre les objectifs de l’Union dans les domaines du climat, du numérique, de la compétitivité et de la défense ». Autre point important : actuellement, il n’y a « pas d’alternatives à performance équivalente ».

L’Europe a déjà signé plus d’une dizaine de partenariats avec d’autres pays, notamment l’Australie pour des matériaux critiques pour les batteries, les voitures et les puces. Depuis 2021, il y a eu le Canada, l’Ukraine (aussi au cœur de négociations avec les États-Unis), le Kazakhstan, la Namibie, l’Argentine, le Chili, le Congo, la Zambie, le Groenland, le Rwanda, l’Ouzbékistan et la Serbie. La liste se trouve par ici.
Déjà des répercussions industrielles
Les enjeux sont importants puisqu’on parle de matières premières critiques, de terres rares et d’aimants permanents, des matériaux « utilisés dans des secteurs industriels comme l’automobile et la défense, mais aussi dans les éoliennes, les casques audio et les appareils IRM ». Les restrictions chinoises « ont déjà eu des répercussions sur ces industries », affirme le Parlement, sans entrer dans les détails.
Un des problèmes étant aussi que certains matériaux, terres et aimants ne sont disponibles que dans certaines zones très restreintes du monde. Le Parlement souhaite aussi que l’Union mène « des activités minières sur son territoire » et restaure ses capacités de transformation.
Selon l’Institut des études géologiques des États-Unis (USGS) repris par Vie Publique, en 2021, les réserves mondiales de terres rares étaient de 120 millions de tonnes. 90 % se trouvent dans quatre pays seulement :
- Chine : 44 millions de tonnes (37%) ;
- Vietnam : 21,6 millions de tonnes (18 %) ;
- Brésil : 20,4 millions de tonnes (17 %) ;
- Russie : 20,4 millions de tonnes (17 %).
En France, il existe des sites susceptibles d’être exploités pour des terres rares. Ils sont situés en Bretagne, en Guyane et en Polynésie. « Au rythme de production actuel (280 000 tonnes) et au vu de ces réserves, le monde dispose d’au moins 430 ans de consommation de terres rares devant lui », ajoute Vie Publique.
Auteur : Sébastien Gavois
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