Microsoft veut centraliser les mises à jour des applications dans Windows Update
Cosmopompe
Microsoft a annoncé hier soir un changement de taille : tous les éditeurs tiers vont pouvoir s’enregistrer auprès de l’entreprise pour distribuer les nouvelles versions de leurs logiciels via Windows Update.
Sur Linux, la gestion des logiciels est simple depuis longtemps. Les installations se font depuis un dépôt, lequel est mis à jour quand de nouvelles versions des paquets sont disponibles. Les systèmes installés faisant référence à ce dépôt reçoivent alors les nouvelles données et les appliquent. Sur macOS, Apple n’a jamais réussi à reproduire le même succès que l’App Store d’iOS. Et pour cause : la boutique est imposée sur le système mobile, bien que les sources tierces soient autorisées en Europe.
Et sur Windows ? La grande majorité des applications ont leur propre mécanisme de mise à jour. Longtemps, le système n’a eu aucune source centralisée à proposer. Le Windows Store, renommé ensuite Microsoft Store, a changé petit à petit la situation, en permettant à toutes les applications (y compris Win32) d’être installées et mises à jour par ce biais.
Pour en finir avec un paysage que Microsoft considère comme « fragmenté », l’éditeur ouvre les portes de son infrastructure Windows Update, avec un nouveau service d’orchestration disponible en préversion.

De quoi s’agit-il ?
Windows Update ne sert normalement que pour les mises à jour de Windows. C’est ainsi qu’on le connait depuis presque 30 ans, puisqu’il est arrivé dans sa toute première version automatisée avec Windows 98. C’est lui qui, chaque deuxième mardi de chaque mois, présente à l’installation les correctifs mensuels de sécurité.
Les éditeurs tiers vont donc pouvoir profiter d’API (interfaces de programmation) Windows Runtime et scripts PowerShell ouvrant les capacités de Windows Update aux applications classiques. Ces interfaces s’adressent surtout aux applications disponibles initialement sous forme de paquet MSIX ou APPX, mais les logiciels Win32 peuvent aussi en profiter, avec quelques aménagements.
Un développeur pourra ainsi utiliser ces API pour signaler au service qu’une mise à jour est disponible. Il faudra fournir des détails comme le nom et le numéro de version, le type de paquet, la nécessité de redémarrer ou pas, les éventuels délais pour les appareils gérés, etc. Les logiciels Win32 devront donner quelques informations supplémentaires. Leurs éditeurs pourront même fournir des exécutables destinés à gérer le téléchargement et l’installation si besoin, ou encore un script pour gérer la fermeture des processus pour permettre l’installation.

Les avantages selon Microsoft
Dans sa communication, Microsoft indique que la situation actuelle présente de nombreux désavantages, tant pour les utilisateurs que pour les entreprises. Pour ces dernières, cela suppose qu’une orchestration prenne en charge tous les mécanismes impliqués. Une situation complexe quand des dizaines d’applications sont installées, chacune avec son mécanisme de mise à jour. L’ensemble peut entrainer des pics d’utilisation du processeur et de la bande passante, des notifications « confuses ou contradictoires », des délais de mise en conformité non respectés ou encore des couts d’assistance supplémentaires.
Selon Microsoft, l’orchestration proposée a donc de nombreux avantages. Puisque les API fournissent les mêmes capacités que les mises à jour de Windows, on retrouve par exemple un différé « intelligent » en fonction de l’activité de l’utilisateur, les ressources disponibles, l’état de la connexion, etc.
Toutes les applications ainsi raccordées profiteront également des notifications natives, utilisant le même type d’information et de présentation que les mises à jour du système. Les installations pourront être intégrées dans l’historique de Windows Update. Même chose pour les journaux (logs), qui seront centralisés. Les applications pourront aussi prendre en charge la gestion de la politique d’administration pour les délais.
Une bonne idée ?
Sur le papier, la solution de Microsoft est bonne. Ne serait-ce que parce qu’elle suit des solutions tierces spécifiques existant depuis des années, comme Action1. L’approche de Microsoft est plus simple et moins étoffée bien sûr, mais elle présente a priori l’avantage de la gratuité et de l’intégration. Elle peut avoir un impact non négligeable en matière de performances, puisqu’elle réduirait le nombre de processus en mémoire.
Deux questions se posent cependant : les éditeurs tiers répondront-ils présents à cette initiative et la fiabilité de Windows Update est-elle suffisante ? Le mécanisme, indissociable de Windows, a eu son lot de difficultés en effet, parfois véhicule de mises à jour problématiques ou lui-même affecté par des problèmes d’installation.
La question de l’expérience utilisateur est également en suspens. Bien que la proposition de Microsoft puisse corriger un problème de longue date, il s’agit encore d’une autre solution. Elle ne remet pas en cause le fonctionnement du Microsoft Store et viendra donc s’y ajouter. On aura ainsi des applications mises à jour par la boutique, d’autres par Windows Update, et d’autres encore qui garderont leur propre mécanisme.
Auteur : Vincent Hermann
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