« Nous ne savions pas exactement à quoi nous attendre » avouent les scientifiques face à ces images du pôle sud du Soleil

La sonde Solar Orbiter, lancée par l’Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA) en février 2020, a réalisé une avancée historique en capturant, pour la première fois, des images des pôles du Soleil depuis l’extérieur du plan de l’écliptique. Cette orbite inclinée offre une perspective inédite qui promet de transformer notre compréhension du champ magnétique solaire, du cycle solaire et de la météorologie spatiale.

Une nouvelle perspective

Traditionnellement, les observations solaires se concentraient principalement autour de l’équateuréquateur, car tous les engins spatiaux, y compris la Terre, gravitent autour du Soleil dans un disque plat, appelé le plan de l’écliptique. Cependant, grâce à cette position inédite, Solar Orbiter a pu observer le pôle Sud du Soleil sous des angles sans précédent, à savoir 15 et 17 degrés sous l’équateur. En inclinant son orbite hors du plan de l’écliptique, Solar Orbiter révèle le Soleil sous un jour totalement nouveau.

Des observations révolutionnaires

Sami Solanki, à la tête de l’équipe de l’instrument PHI à l’Institut Max-PlanckPlanck pour la recherche sur le système solairesystème solaire (MPS) en Allemagne, a exprimé l’incertitude qui entourait ces premières observations : « Nous ne savions pas exactement à quoi nous attendre – les pôles du Soleil sont littéralement une « terraterra incognita ». » Les résultats se sont révélés à la hauteur des attentes, marquant une « nouvelle ère » dans l’étude du Soleil. Carole Mundell, directrice scientifique de l’ESA, rappelle quant à elle que « le Soleil est certes source de vie, mais il représente aussi une menace pour nos sociétés modernes et pour l’activité humaine et robotiquerobotique en orbite basse ». Ainsi, mieux comprendre son fonctionnement et apprendre à prédire son comportement est essentiel.

Depuis ce promontoire inédit, les scientifiques s’attendent à découvrir des phénomènes inattendus et à réaliser des avancées significatives dans leur compréhension de divers aspects du Soleil, notamment son champ magnétique et la dynamique des cycles solaires, qui se déroulent sur une période d’environ 11 ans. Actuellement, les modèles prédictifs ont des limites en ce qui concerne le timing et l’intensité des maxima d’activité solaire.

Le pôle Sud du Soleil observé par Solar Orbiter depuis une orbite inédite. © remy Decourt, YouTube

Découvertes clés

D’ores et déjà, plusieurs découvertes marquantes ont été annoncées. Une des plus significatives concerne le champ magnétique au pôle Sud, qui apparaît actuellement désordonné. Contrairement à un aimantaimant traditionnel, qui a des pôles bien définis, une coexistence de champs de polarité nord et sud se manifeste au pôle Sud du Soleil. Ce phénomène est observé durant le maximum solaire, lorsque le champ magnétique s’inverse et que l’activité solaire atteint son apogéeapogée.

Un des plus grands mystères du Soleil enfin dévoilés par la sonde Solar Orbiter

De plus, un des instruments de la sonde a réussi à mesurer pour la première fois la vitessevitesse de déplacement des amas de matièrematière solaire grâce à un suivi précis des lignes spectrales. Ces données permettent d’analyser le mouvementmouvement solaire, élément essentiel pour comprendre le vent solaire – le flux de particules qui s’échappent du Soleil. Ce suivi promet de fournir des informations cruciales sur le mécanisme de production du vent solairevent solaire.

Perspectives futures

Comme l’ESA l’indique dans son communiqué de presse, ces premières observations ne sont que le début et représentent des résultats préliminaires. L’ensemble des données recueillies par Solar Orbiter, lors de son premier vol complet « d’un pôle à l’autre » autour du Soleil, devrait arriver sur Terre en octobre 2025.

Dans les prochaines années, Solar Orbiter s’éloignera davantage du plan de l’écliptique pour obtenir des vues toujours plus riches et inédites des régions polaires du Soleil. Ces « données transformeront notre compréhension du champ magnétique, du vent solaire et de l’activité du Soleil », comme le souligne Daniel Müller, responsable scientifique de la mission Solar Orbiter à l’ESA.

En conclusion, les avancées réalisées par la sonde Solar Orbiter marquent un tournant dans l’exploration solaire, nous rapprochant davantage d’une compréhension complète des mécanismes qui régissent notre étoile et, par conséquent, notre Système solaire.