Quand le renseignement militaire américain se penchait sur l’origine du Covid-19 – Sciences Critiques
Une ONG américaine vient de rendre public un document confidentiel de la Defense Intelligence Agency daté de juin 2020. Il s’agit de « l’analyse scientifique la plus détaillée rendue publique à ce jour par une agence américaine ». Quelques mois seulement après l’émergence officielle du Covid-19, le renseignement américain concluait déjà que le virus responsable de l’épidémie a été fabriqué dans un laboratoire en Chine.
Il s’agit, pour les uns, d’un énième rebondissement ; pour les autres, d’une nouvelle confirmation, dans une affaire qui dure depuis cinq ans maintenant. Le 7 avril dernier, l’ONG états-unienne U.S. Right to Know (USRTK) a révélé publiquement un document « top secret » de 46 pages émanant du renseignement militaire américain et obtenu grâce à l’application du Freedom of Information Act, la loi sur la liberté de l’information en vigueur aux Etats-Unis.
Depuis 2020, et la circulation mondiale du Sars-Cov-2, deux thèses s’affrontent pour expliquer l’épidémie de Covid-19 : l’origine naturelle du virus (la zoonose) ou l’accident de laboratoire. Grâce à USRTK, et à son combat judiciaire, est désormais accessible un document déclassifié de la Defense Intelligence Agency (DIA), qui a conclu, il y a cinq ans déjà, que le virus à l’origine du Covid-19 a pu être fabriqué dans un laboratoire chinois – le laboratoire de Wuhan, en l’occurrence – et causer l’épidémie mondiale qui a fait rage depuis lors.
l’évaluation de la DIA offre l’analyse scientifique la plus détaillée rendue publique à ce jour par une agence américaine.
Selon U.S. Right to Know, « l’évaluation de la DIA offre l’analyse scientifique la plus détaillée rendue publique à ce jour par une agence américaine pour étayer [la thèse de la fuite de laboratoire]. » Et l’ONG de préciser : « L’analyse de la DIA ne prouve pas comment la pandémie a commencé. Elle affirme plutôt que le virus pourrait provenir d’un laboratoire et montre que plusieurs caractéristiques de son génome sont compatibles avec une manipulation génétique. » Avant d’ajouter : « L’analyse [de la DIA] propose également un scénario plausible pour expliquer comment le virus a pu être fabriqué en laboratoire et s’échapper ensuite. »
LA SÛRETÉ DES LABORATOIRES DE VIROLOGIE,
UNE QUESTION BRÛLANTE
Si la preuve irréfutable en faveur de l’une ou de l’autre des deux hypothèses en présence (zoonose ou accident de laboratoire) s’avère, pour l’heure, introuvable, le problème de l’origine du Covid-19 a au moins le mérite de poser l’une des questions les plus urgentes et les plus brûlantes des politiques de recherche actuelles : la sécurité et la sûreté des laboratoires de virologie.
Des scientifiques et des journalistes demandent la création d’une commission d’enquête parlementaire en France.
Dans une communication officielle, l’Académie de médecine française a fait savoir, début avril, qu’elle penchait pour l’hypothèse de la fuite de laboratoire. Selon un sondage interne, 97 % de ses membres se disent convaincus par cette thèse. Le rapport de l’académie fait suite à plusieurs alertes lancées ces dernières années par des scientifiques, et en particulier des virologues. Il édicte un certain nombre de recommandations visant à prévenir les risques d’accident de laboratoire et à contrôler davantage les manipulations génétiques des virus.
Le 9 avril dernier, des scientifiques et des journalistes ont appelé de leurs vœux la création d’une commission d’enquête parlementaire en France, en invitant les élus à « examiner les documents confidentiels des cinq dernières années ». Parmi leurs demandes, ils souhaitent savoir pourquoi la France – à la différence du Royaume-Uni, de l’Allemagne et des Etats-Unis – n’a jamais diligenté d’enquête pour comprendre les causes de l’une des plus graves crises politico-sanitaires de ces dernières décennies.
Anthony Laurent, rédacteur en chef / Sciences Critiques.
> Photo d’ouverture : Un bâtiment du quartier général de la Defense Intelligence Agency (DIA), situé à Washington, DC. / Wikicommuns.
Auteur : Anthony Laurent / Sciences Critiques
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