Quels critères retenir pour une étiquette sur le bien-être animal
Pour informer les consommateurs sur le bien-être des animaux d’élevage, plusieurs critères doivent être pris en compte. Julie Chiron, chef de projet évaluation des risques liés à la santé, l’alimentation et au bien-être des animaux, les a listés dans un article publié en février 2025 dont que vous reproposons ici en version courte.
Le bien-être animal s’est affirmé comme un fort enjeu de société ces dernières décennies. Une proposition d’étiquetage visant à informer les consommateurs de ce bien-être pour les animaux d’élevage est à l’étude au ministère de l’agriculture.
Une proposition d’étiquetage pour informer les consommateurs du bien-être des animaux d’élevage a récemment été soumise au ministère de l’agriculture ainsi qu’à l’Agence d’évaluation du risque européenne.
Plusieurs étiquettes existent en la matière en Europe et en France, mais aucune loi n’encadre les allégations qui peuvent y figurer. C’est pourquoi l’Anses a récemment formalisé les lignes directrices scientifiques sur lesquelles celui-ci devrait reposer.
La notion de bien-être animal a beaucoup évolué au cours de l’histoire. Dans le droit, l’animal a longtemps été considéré comme une chose. Du XIXe siècle aux années 1960, sa protection s’est longtemps limitée à condamner les actes de cruauté, aucune norme ne s’attachant aux conditions de vie des animaux d’élevage. Il faudra attendre la fin des années 1960 pour que de nouvelles lois promeuvent la démarche préventive, avec des obligations faites au propriétaire quant à la manière. L’enjeu : les protéger des mauvais traitements mais aussi leur garantir un niveau minimum de bien-être.
Le comité Brambell, mis en place par le gouvernement britannique à la suite des critiques émises contre l’intensification de l’élevage, a rendu son rapport en 1965. Il a mené à la formulation de cinq principes : absence de faim et de soif, absence d’inconfort et de douleur, absence de douleur et de maladie, absence de peur, de détresse et liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce grâce à un environnement adapté.
Ceci a longtemps fait office de définition du bien-être animal, à tort. On reconnaît aujourd’hui aux animaux des capacités émotionnelles et cognitives, dont les besoins peuvent varier entre mêmes individus d’une même espèce ou d’un même élevage.
Cette prise en compte des émotions se démarque du concept de bientraitance, qui fait référence aux seules actions humaines positives envers l’animal. Or, si la bientraitance est une condition nécessaire, elle n’est pas suffisante.
L’Anses a donc proposé en 2018 une définition du bien-être animal comme « l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal. »
Quel périmètre retenir pour une étiquette du bien-être des animaux d’élevage ? L’Anses considère qu’il faut également s’intéresser à ceux utilisés pour la sélection et la multiplication des animaux utilisés dans l’élevage.
L’agence a pris en compte 14 critères couvrant six domaines (génétique, alimentation, environnement, santé, interactions comportementales et état mental). Certains sont centrés sur l’animal, et d’autres sur son environnement, car les indicateurs fondés uniquement sur l’environnement ne permettent que l’évaluation de la bientraitance. Un indicateur global a ainsi été proposé, qui agrège les scores obtenus pour les deux étapes de sélection/multiplication et d’élevage.
L’Anses propose aussi que le score final soit multi-niveaux pour refléter les situations variées des élevages, et surtout que la méthodologie de construction du score soit transparente afin d’en assurer la vérifiabilité.
Cet article a été édité par le service Environnement de The Conversation à partir de la version longue écrite par Julie Chiron, chef de projet évaluation des risques liés à la santé, l'alimentation et au bien-être des animaux, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.
Auteur : Service Environnement, The Conversation France
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