Si la Nasa renonce aux échantillons de Mars, l’ESA pourrait se tourner vers Deimos pour en récupérer !

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Alors que l’administration Trump envisage d’abandonner la mission de retour d’échantillons martiens développée par la Nasa en partenariat avec l’Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA), la situation soulève de nombreuses interrogations. Une décision très surprenante au regard de l’état d’avancement des différents éléments de MSR et des 2,5 milliards de dollars déjà investis dans la mission Perseverance, qui est en train d’achever la collecte et le conditionnement des échantillons que MSR (Mars Sample ReturnMars Sample Return) doit rapporter sur Terre. Pour mieux comprendre les enjeux de cette situation, nous avons interviewé Francis RocardFrancis Rocard, responsable des programmes d’exploration du Système solaire et « Monsieur Mars » du Cnes.

“Sans les Américains, la mission MSR est infaisable”

Dès le début de notre conversation, Francis Rocard exprime son opinion sans équivoque : « Sans les Américains, la mission MSR est infaisable. » Pour comprendre cette position aussi catégorique, il est important de noter que « lESA na pas la capacité technologique de remplacer la Nasa dans ce projet ». En effet, l’ensemble de la composante sol de la mission MSR est développée et fournie par la Nasa, « qui détient un savoir-faire critique difficile à acquérir par l’ESA dans un délai aussi court ». Parmi ces compétences figurent la précision d’atterrissage requise, ainsi que le véhicule d’ascension martien (Mars Ascent Vehicle, MAV), « qui repose sur des technologies militaires américaines pour lesquelles il n’existe pas d’équivalent en Europe ».

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Ces éléments soulignent combien la mission MSR est intrinsèquement liée à la participation de la Nasa. Dans un monde idéal, où les enjeux politiques et géostratégiques n’interviendraient pas, « un partenariat avec la Chine – qui prépare elle aussi une mission de retour d’échantillons martiens – pour récupérer les échantillons collectés par Perseverance, aurait pu être envisagé ». Mais, nous ne sommes pas dans un monde idéal !

MSR en sursis tout au long du processus budgétaire américain

Cela dit, la « décision finale dabandonner la mission MSR na pas encore été prise ». Les discussions sur le budget 2026 de la Nasa sont encore à leurs débuts et « se poursuivront jusquen septembre-octobre, date à laquelle le budget devra être adopté ». Francis Rocard se montre optimiste et souligne que le « Congrès américain a toujours été un fervent soutien de la mission MSR ». Enfin, certains envisagent la possibilité d’un abandon temporaire de la mission, suivie d’une « remise sur les rails après la fin du mandat de Donald Trump, mais le calendrier actuel, avec un lancement en 2031 et un retour des échantillons sur Terre en 2035, serait évidemment retardé ». Toutefois, cette option pose des défis techniques, industriels et programmatiques, notamment l’arrêt de la constructionconstruction de certains véhicules, comme l’orbiteur ERO (Earth Return Orbiter) de l’ESA et la nécessité de les stocker pendant plusieurs années.

Cela dit, les incertitudes quant à l’avenir de la mission MSR ne sont pas apparues avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, mais se sont accumulées au fil des ans, « marquées par des dépassements budgétaires, des délais prolongés et des changements fréquents dans les architectures et scénarios de la mission ». Dans ce contexte, l’Agence spatiale européenne (ESA) cherche à « anticiper les conséquences d’un éventuel retrait de la Nasa ».

“L’Agence spatiale européenne cherche à anticiper les conséquences d’un éventuel retrait de la Nasa”

Alors, quelles seraient les répercussions pour l’Agence spatiale européenne, qui joue un rôle clé en fournissant le satellite ERO, destiné à récupérer les échantillons en orbite, collectés par Perseverance, et les rapporter sur Terre ? Sans surprise, l’abandon de MSR serait un coup dur pour l’ESA, qui « se retrouverait avec un satellite sans réelle utilité. Toutefois, des alternatives commencent à voir le jour ».

Des réponses à l’abandon de MSR

L’ESA envisage de « réaffecter » le satellite ERO et de l’adapter à d’autres missions. Plusieurs options sont actuellement à l’étude, « dont le programme LightShip, qui pourrait être officiellement approuvé lors de la prochaine conférence ministérielle de l’ESA prévue en novembre ».

L’objectif serait d’utiliser ERO comme un « véhicule pour transporter des charges utiles en orbite haute et elliptique autour de Mars, à une altitude de 5720 kilomètres et inclinée à 20° ». Ce satellite pourrait alors servir de relais de données et offrir divers services aux missions martiennesmissions martiennes, qu’elles soient sur la surface ou en orbite.

L’ESA souhaite récupérer des échantillons de Deimos

Concernant les instruments scientifiques envisagés sur cette orbite, « on pense à des instruments conçus pour renforcer notre compréhension de latmosphèreatmosphère martienne ». Parmi ceux-ci, on peut citer un « sondeur submillimétrique, un instrument inédit autour de Mars pour mesurer la vitesse des ventsvents par effet Dopplereffet Doppler sur les nuagesnuages », ainsi qu’un instrument capable d’obtenir des données « dans l’infrarougeinfrarouge thermique, ce qui permettrait de réaliser une cartographie de la température de la surface de Mars et des mesures de colonne de vapeur deau ». Enfin, un « capteurcapteur fonctionnant dans le proche infrarouge pourrait fournir des informations précieuses sur la composition et la distribution de la poussière martienne ».

En outre, l’ESA examine la « possibilité d’une mission de retour d’échantillons de la lunelune DeimosDeimos plutôt que depuis PhobosPhobos, en raison d’une accessibilité moins contraignante car située sur une orbite plus élevée nécessitant un DeltaDelta V moins important ». De même, l’idée de développer un LightShip-Tug pour « réaliser des trajets fréquents entre la Terre et Mars est en cours d’évaluation ».

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Le premier LightShip pourrait déposer un petit orbiter, Spotlight, qui irait se positionner à « seulement 300 kilomètres d’altitude au-dessus de Mars équipé d’une charge utile de 300 kilos ». Cette faible altitude serait optimale pour obtenir des images à très haute résolutionrésolution, essentielle, car plusieurs instruments majeurs, tels que la caméra HiRISE (MROMRO), le spectromètrespectromètre CRISM (MRO) et l’imageur hyperspectral Omega (Mars ExpressMars Express), approchent de la fin de leur cycle de vie. Le remplacement de HiRISE est particulièrement crucial, car ses observations sont utilisées « pour caractériser les sites datterrissage et d’exploration des roversrovers et préparer les futures missions habitées ».

En conclusion, il convient de souligner qu’en dépit du climatclimat d’incertitude qui entoure son partenariat avec la Nasa, l’ESA fait preuve d’une remarquable initiative en avançant des propositions audacieuses et novatrices. Ces initiatives témoignent de sa volonté de maintenir et d’accélérer les avancées scientifiques et technologiques, tout en renforçant sa position dans l’exploration spatiale. De plus, ces projets pourraient être mis en œuvre dans des délais très courts, ce qui démontre la capacité de l’ESA à s’adapter rapidement aux défis actuels.

Auteur : Rémy Decourt, Journaliste

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