Décryptage technologique

Stand Up for Science : Quand la science néglige son autocritique

Série « Science Up for what ? » (1/3) − Des décennies d’analyse socio-politique des pratiques et des institutions scientifiques doivent-elles être oubliées sous prétexte qu’un autocrate a pris le pouvoir aux États-Unis ? Mieux vaudrait s’efforcer de clarifier les choses sans agiter des fétiches de sens commun comme « La science », « La vérité » ou « Le rempart contre l’obscurantisme ». La période que nous traversons mérite mieux que l’avalanche de qualificatifs imposants qui circulent actuellement dans le débat public. D’où l’importance de mener une critique politique ainsi qu’une autocritique académique des conditions structurelles qui ont conduit tant de pays au renouveau fasciste qui emporte aujourd’hui des pans entiers des sciences.

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A SCIENCE est-elle le lieu exclusif de la vérité et de la raison, un rempart de la démocratie contre l’obscurantisme ? Les sciences sociales, plus nuancées, l’ont plutôt décrite comme un ensemble pluriel de disciplines, de pratiques, de personnes et de collectifs en concurrence, animé par des enjeux économiques, politiques et sociaux autant que cognitifs.

Pourtant, depuis l’accession de Donald Trump au pouvoir, la science est présentée sous l’angle de la vérité et de la raison. Ces derniers mois, les médias français ont produit des titres comme « Trump déclare la guerre à la science »[1]– Lire l’article des Echos du 25 février 2025. jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_1’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_1’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });, « Face à Trump, les chercheurs en quête de science »[2]– Lire l’article de Libération du 22 avril 2025. jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_2’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_2’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });, « Il veut mettre fin à la science »[3]– Lire l’article de France Info du 19 février 2025. jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_3’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_3’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });, etc.

Ces médias valorisaient pourtant il y a peu les controverses et les incertitudes de l’expertise : rappelons-nous, par exemple, comment les opinions climato-sceptiques du géo-physicien Claude Allègre ont été complaisamment relayées par les médias français à un moment où il existait pourtant un consensus entre les climatologues sur l’origine anthropique du réchauffement climatique global.

 

La période que nous traversons mérite mieux que l’avalanche de qualificatifs imposants qui circulent actuellement dans le débat public.

 

La crise du Covid fournirait également un bon exemple de l’appétit habituel des médias pour les controverses. Mais on peut aussi penser aux décennies de controverses alimentées aux Etats-Unis par le lobby des cigarettiers pour masquer le caractère cancérogène du tabac[4]– Parfois, les controverses socio-techniques, avec leur cortège de médias, de communicant·es et de scientifiques, alimentent une vaste « production volontaire de l’ignorance ». Lire à ce … Continue reading jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_4’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_4’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });. Pourquoi alors, face à Trump, les médias se mettent-ils à défendre « la science » et « la vérité » ? Quant au mouvement Stand Up For Science, dans sa version française, il dépeint la science comme un bien commun de la démocratie et comme le lieu de la vérité.

Alors : Vérité et Raison universelle ou enjeux socio-politiques dans un champ de confrontation de savoirs ? Je ne vais pas rouvrir ici le dossier du relativisme, ni proposer une analyse des disputes entre épistémologie et sociologie des sciences. Mais la période que nous traversons, avec ses incertitudes et ses dangers, mérite mieux que l’avalanche de qualificatifs imposants qui circulent actuellement dans le débat public.

 

Stand Up for Science : Quand la science néglige son autocritique
> Un tract du mouvement “Stand Up for Science”.

 

Des décennies d’analyse socio-politique des pratiques et des institutions scientifiques doivent-elles être oubliées sous prétexte qu’un autocrate a pris le pouvoir aux États-Unis ? Mieux vaudrait s’efforcer de clarifier les choses sans agiter des fétiches de sens commun comme « La science », « La vérité » ou « Le rempart contre l’obscurantisme ».

 

DES FÉTICHES À DÉCONSTRUIRE

 

Premier de ces fétiches à déconstruire : Trump lui-même. Il n’est pas simplement un politicien dont on doit dénoncer la psychologie autoritaire et les idées nauséabondes, mais également le symptôme du capitalisme de la finitude que décrit l’économiste et historien Arnaud Orain[5]Le monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude (XVIᵉ – XXIᵉ siècle), Arnaud Orain, Flammarion, 2025. jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_5’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_5’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });, une forme de capitalisme ni unique ni nouvelle dans l’histoire depuis le XVIe siècle.

Aux époques où l’on pense qu’« il n’y en aura pas pour tout le monde », le capitalisme devient en effet monopolistique, refuse la diplomatie et la concurrence, et ce sont alors des entreprises autant que des États qui conquièrent des territoires et accaparent des mers de manière violente et coloniale. Trump est le symptôme d’un capitalisme qui a pris acte de l’anthropocène : ses acteurs font main basse sur les ressources naturelles et exigent toujours plus d’assujettissement à leur souveraineté.

 

Trump est le symptôme d’un capitalisme qui a pris acte de l’anthropocène : ses acteurs font main basse sur les ressources naturelles et exigent toujours plus d’assujettissement à leur souveraineté.

 

Ensuite, il faut déconstruire le mythe d’une science pure et universelle consacrée au bien commun. Des milliers d’universitaires et de chercheurs soutiennent le capitalisme depuis des décennies, brandissant l’étendard des théories économiques néo-libérales et multipliant les alliances avec les acteurs du marché via la programmation de la recherche par projet, par des financements pas toujours éthiques, par le recrutement de précaires instrumentalisé·es dans les laboratoires et les universités, par l’abandon de la critique au bénéfice d’une conception utilitariste des savoirs ou encore par la généralisation d’un enseignement professionnel qui assèche le vivier des étudiant·es intéressé·es par la recherche scientifique : une galaxie aussi efficacement anti-science que les politicien·nes autocrates et qui contribue à la fabrique d’une science qui n’est pas un « pilier de la démocratie ».

 

 

Prenez, par exemple, le projet de méga-collisionneur de particules porté par le Centre européen de recherche nucléaire (CERN) en France : un tunnel de 90 kilomètres de circonférence, véritable désastre écologique de 16 milliards d’euros pour traquer une particule hypothétique… Une tribune des Scientifiques en rébellion a réuni plus de 400 signatures contre ce projet ubuesque[6]– Scientifiques en rébellion : Tribune CERN – Savoir renoncer au projet de méga collisionneur. jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_6’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_6’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });. Sans oublier la fraude scientifique qui se répand avec des articles bidon rédigés par des intelligences artificielles (IA) pour gagner du temps et de la visibilité dans des revues peu scrupuleuses[7]– Lire l’article de Sciences Critiques : Comment piéger les revues scientifiques. jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_7’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_7’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });. Quant aux Lettres et sciences humaines et sociales, elles ne sont pas en reste quand il s’agit d’abandonner leur perspective critique pour des formations adaptant les étudiant·es aux bullshit jobs du secteur tertiaire, dans la communication, le marketing, la gestion, etc.

Les scientifiques contemporain·es pourraient s’inspirer du mouvement français d’autocritique des sciences des années 1970-1980, lorsque des chercheurs·ses (en biologie, physique et mathématique principalement) se sont mobilisé·es pour réfléchir aux finalités des sciences et y contester les rapports de domination de genre, de classe, et de race[8]– « race » est ici pris au sens d’une assignation identitaire socialement construite. jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_8’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_8’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });. Ces activistes ont enquêté dans les laboratoires et produit des revues alternatives, avec des positions politiques et épistémologiques fortes où s’exprimaient des scientifiques comme Jean-Marc Levy-Leblond, Alexandre Grothendieck, Pierre Clément, etc.[9]– Voir Science & Société et aussi Sciences Critiques qui a repris ce flambeau. Lire également (Auto)critique de la science de Jean-Marc Lévy-Leblond et Alain Jaubert (dir.), Paris, Seuil, … Continue reading jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_9’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_9’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });

 

Les scientifiques contemporains pourraient s’inspirer du mouvement français d’autocritique des sciences des années 1970-1980 pour réfléchir aux finalités des sciences et y contester les rapports de domination.

 

Cette autocritique des sciences a fait voler en éclat le mythe d’une recherche indépendante des passions et des intérêts et a constitué la base des questions et des objets de la « nouvelle sociologie des sciences » qui s’est développée plus tard. Ce mouvement a permis de prendre la mesure de l’hétérogénéité des acteurs et des pratiques de la science, et notamment l’importance des précaires, des petites mains invisibilisées dans les laboratoires et les universités, bien avant la sociologie, qui en a peu parlé par ailleurs.

Déconstruisons également l’idée d’une attaque généralisée de la science. La politique de l’actuel gouvernement des Etats-Unis ne vise pas toutes les disciplines, mais certaines d’entre elles, en particulier les recherches portant sur la diversité et les injustices raciales, sociales, de genre ou écologiques : tout ce qu’en France comme aux Etats-Unis ou en Argentine on dénigre dans les médias et dans les discours politiques sous les termes de « woke », de « théorie du genre » ou de « déconstruction ».

 

 

Les sciences du climat et l’écologie sont également menacées. Cependant, la National Science Foundation finance toujours de nombreux programmes de recherche outre-Atlantique[10]– Voir le site de l’U.S National Science Fondation. jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_10’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_10’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });: l’innovation technologique, l’intelligence artificielle, l’ingénierie, la sécurité, ainsi que des domaines entiers de la physique, des mathématiques ou de la biologie, tant que les principes d’inclusion des minorités et de lutte contre les discriminations n’interviennent pas.

La France n’est pas exempte des critiques que l’on adresse à Trump. En effet, les pressions politiques se multiplient contre les recherches sur le genre, la post-colonialité ou les mouvements sociaux[11]– Lire le communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme : « Défendre l’université et la recherche pour défendre la démocratie ». jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_11’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_11’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });, et les sciences sociales sont parfois accusées – au plus haut niveau de l’État – de « chercher à excuser le terrorisme »[12]– Lire l’article du Monde : « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser » : la cinglante réponse des chercheurs à Manuel Valls du 2 mars 2016. jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_12’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_12’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });. De même, le nombre inquiétant de débats scientifiques sur la Palestine interdits par les présidences de nos universités forme un palmarès peu glorieux en termes de liberté académique[13]– Lire, par exemple, le site de l’UJFP et le site du syndicat Sud Education. jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_13’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_13’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });. Le débat public et la controverse devraient pourtant être à l’honneur sur ces sujets d’actualité car il s’agit des conditions nécessaires du savoir.

 

Il est important de mener une critique politique et une autocritique académique des conditions structurelles qui ont conduit tant de pays au renouveau fasciste.

 

Un peu partout, ce sont les Lettres et les Sciences humaines et sociales à tonalité critique ainsi que les recherches en écologie qui sont menacées. J’insiste sur le fait que ce ne sont pas seulement des politicien·nes qui les attaquent, mais une galaxie de médias, d’agences gouvernementales et même de scientifiques – y compris en sciences sociales –, certain·es condamnant autant la déconstruction critique que bien des fascistes assumé·es[14]– Parmi les médias réactionnaires qui attaquent la pensée critique, on peut citer Le Point, Valeurs Actuelles ou Le Figaro, ou encore BFM TV ou CNews. Parmi les universitaires réactionnaires … Continue reading jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_14’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_14’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], });. D’où l’importance de mener une critique politique ainsi qu’une autocritique académique des conditions structurelles qui ont conduit tant de pays au renouveau fasciste qui emporte aujourd’hui des pans entiers des sciences.

 

NOUER DE NOUVELLES ALLIANCES

 

Il faut également documenter les résistances qui existent et les soutenir activement en évitant le piège du corporatisme. Une sortie par le haut du danger fasciste impose de comprendre que ce qui menace les sciences menace aussi la culture, le droit, la santé et la protection de l’environnement : mêmes dérives utilitaristes, mêmes systèmes hiérarchiques, même virilisme de la Raison, même insensibilité au vivant et à l’égard des dominé·es, mêmes prétentions à l’universalisme, et enfin mêmes petites lâchetés et concessions accumulées depuis des décennies.

En ce sens, si l’on peut se féliciter de l’expression rapide du soutien universitaire en direction des scientifiques états-uniens, le silence face au bombardement systématique des universités, écoles, bibliothèques, musées et hôpitaux à Gaza[15]– Voir les sites de l’AURDIP et de l’OHCHR. jQuery(‘#footnote_plugin_tooltip_5784_2_15’).tooltip({ tip: ‘#footnote_plugin_tooltip_text_5784_2_15’, tipClass: ‘footnote_tooltip’, effect: ‘fade’, predelay: 0, fadeInSpeed: 200, delay: 400, fadeOutSpeed: 200, position: ‘top center’, relative: true, offset: [-7, 0], }); – sans parler des pertes humaines – est symptomatique d’un universalisme à géométrie variable. Ce silence restera comme une tâche indélébile dans l’histoire des sciences françaises.

 

C’est au prix de cette nécessaire réflexivité autocritique que l’on pourra agir pour un monde apaisé, plus soutenable écologiquement et plus égalitaire.

 

Contre tous les autoritarismes internalisés ou imposés par des pouvoirs politiques, l’université pourrait nouer de nouvelles alliances afin de se repenser à l’aune du respect du vivant naturel et institutionnel plutôt que dans les termes bureaucratiques de la grandeur et de la visibilité : avec des activistes, des ONG, des médias indépendants, et aussi avec des invisibles, des précaires et des subalternisé·es, plutôt qu’avec l’habituel star system éditorial et médiatique des avant-gardes artistiques et académiques, ou pire avec les puissances économiques.

C’est au prix de cette nécessaire réflexivité autocritique et d’alliances renouvelées que l’on pourra peut-être agir pour un monde apaisé, plus soutenable au plan écologique et plus égalitaire. Sinon, à quoi bon se lever pour la science ?

Igor Babou

 > Photo de Une : Manifestation « Stand Up For Science » à Seattle (États-Unis), le 7 mars 2025 (LivingBetterThroughChemistry / Wikicommons).

 > Dessin : « Allégorie de la Science », par René-Antoine Houasse (GrandPalais – RMN / Wikicommons).

 > Photo : Manifestation « Black Lives Matter » à New York (Etats-Unis), le 28 novembre 2014 (The All-Nite Images / Wikicommons).

 

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References[+]

References
1 – Lire l’article des Echos du 25 février 2025.
2 – Lire l’article de Libération du 22 avril 2025.
3 – Lire l’article de France Info du 19 février 2025.
4 – Parfois, les controverses socio-techniques, avec leur cortège de médias, de communicant·es et de scientifiques, alimentent une vaste « production volontaire de l’ignorance ». Lire à ce sujet Robert Proctor, Golden Holocaust : la conspiration des industriels du tabac, Paris, Éditions des Équateurs, 2014.
5 Le monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude (XVIᵉ – XXIᵉ siècle), Arnaud Orain, Flammarion, 2025.
6 – Scientifiques en rébellion : Tribune CERN – Savoir renoncer au projet de méga collisionneur.
7 – Lire l’article de Sciences Critiques : Comment piéger les revues scientifiques.
8 – « race » est ici pris au sens d’une assignation identitaire socialement construite.
9 – Voir Science & Société et aussi Sciences Critiques qui a repris ce flambeau. Lire également (Auto)critique de la science de Jean-Marc Lévy-Leblond et Alain Jaubert (dir.), Paris, Seuil, 1973.
10 – Voir le site de l’U.S National Science Fondation.
11 – Lire le communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme : « Défendre l’université et la recherche pour défendre la démocratie ».
12 – Lire l’article du Monde : « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser » : la cinglante réponse des chercheurs à Manuel Valls du 2 mars 2016.
13 – Lire, par exemple, le site de l’UJFP et le site du syndicat Sud Education.
14 – Parmi les médias réactionnaires qui attaquent la pensée critique, on peut citer Le Point, Valeurs Actuelles ou Le Figaro, ou encore BFM TV ou CNews. Parmi les universitaires réactionnaires fantasmant une idéologie « woke » dominante à l’université, citons la sociologue Nathalie Heinich, mais il y en aurait bien d’autres. Parmi les politiciens qui soutiennent cette offensive, citons Jean-Michel Blanquer, Manuel Valls, et l’ensemble de l’extrême droite. L’ancien ministre Blanquer a financé et ouvert en Sorbonne en janvier 2022 ce que la communauté des sciences sociales critiques a appelé « le colloque de la honte », un pseudo-colloque qui réunissait une partie de la fachosphère et des intellectuels réactionnaires. Même une maison d’édition universitaire réputée comme les Presses Universitaires de France a récemment publié un ouvrage anti-woke. Quant à la vulgarisation scientifique sur les réseaux sociaux ou ailleurs, elle n’est pas en reste en matière de soutien à la pensée réactionnaire : Bruno Andreotti a décrit un florilège assez inquiétant des acteurs de l’extrême droite qui se parent des atours du rationalisme pour lutter contre la pensée critique. Concernant les agences gouvernementales, en France, l’HCERES, l’agence d’évaluation des universités, a récemment été accusée d’avoir falsifié des rapports d’évaluateurs afin de mieux assujettir les formations universitaires au projet idéologique utilitariste et libéral de l’actuel gouvernement français. Cela montre que la fascisation des esprits passe aussi par des dispositifs réglementaires et institutionnels. On peut aussi évoquer l’ANR, l’agence de financement de la recherche française, qui flèche de plus en plus ses financements pour que les recherches aillent dans le sens des besoins du marché de l’innovation et des technologies, et non de la production de connaissances critiques sur le monde.
15 – Voir les sites de l’AURDIP et de l’OHCHR.

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Auteur : Gautier Demouveaux

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Artia13

Bonjour ! Je m'appelle Cédric, auteur et éditeur basé à Arles. J'écris et publie des ouvrages sur la désinformation, la sécurité numérique et les enjeux sociétaux, mais aussi des romans d'aventure qui invitent à l'évasion et à la réflexion. Mon objectif : informer, captiver et éveiller les consciences à travers mes écrits.

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