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Starship accumule les échecs : SpaceX face à l’ombre d’un futur lunaire incertain

Starship accumule les échecs : SpaceX face à l’ombre d’un futur lunaire incertain

Après une interruption de plus de deux mois, durant laquelle SpaceXSpaceX s’est attaché à comprendre et corriger les causes des échecs précédents, le Starship était de nouveau sur son pas de tir à la Starbase de Boca Chica pour un neuvième vol d’essai. Malheureusement, ce vol s’est soldé par la perte de l’étage supérieur lors de sa rentrée. Bien qu’il ait atteint l’espace à près de 200 kilomètres d’altitude (189 km exactement), une amélioration par rapport aux deux vols précédents, ni le booster ni l’étage supérieur n’ont accompli tous leurs objectifs.

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À la suite de ce nouvel échec, Elon MuskElon Musk, P.-D.G. de SpaceX, a partagé sur les réseaux sociauxréseaux sociaux : « Starship a réussi à couper ses moteurs comme prévu, marquant ainsi une nette amélioration par rapport au dernier vol ! » Il a également indiqué que « des fuites avaient entraîné une perte de pression du réservoir principal pendant la phase de croisière et de rentrée. Cependant, nous avons recueilli de nombreuses données intéressantes à analyser ».

Musk a annoncé que les trois prochains lancements de tests de Starship pourraient « s’effectuer toutes les trois à quatre semaines dans les jours à venir ». Cet optimisme peut surprendre étant donné la série d’échecs en vol, mais rappelons que la méthode de développement de SpaceX, axée sur l’expérimentation et l’apprentissage par l’expérience, diffère considérablement de l’approche traditionnelle en Europe, comme celle adoptée pour le système Ariane.

Tandis qu’ArianeGroup privilégie la qualification des lanceurs au sol avant leur premier vol, SpaceX favorise les essais pratiques pour perfectionner ses technologies et accélérer le développement de ses lanceurs, même si cela entraîne des échecs. Dans son communiqué avant le lancement, SpaceX avait souligné l’incertitude inhérente à ces essais en vol.

Utilisation d’un booster Super Heavy éprouvé

Pour ce neuvième vol, SpaceX a utilisé, pour la première fois, un booster Super Heavy déjà éprouvé, le même qui avait réussi sa manœuvre de retour sur le pas de tir lors du septième vol d’essai. Cet étage a bénéficié d’une inspection minutieuse et a été remis en état de vol. Bien que ces opérations aient été nécessaires pour garantir sa conformité, on s’attend à ce que ces procédures deviennent moins fréquentes à l’avenir, au fur et à mesure que les vols s’enchaîneront sans incidents. Pour ce vol, 29 des 33 moteurs Raptor de cet étage ont été réutilisés.

Expérimentations en vol

Pour des raisons de sécurité et de maîtrise des risques, la récupération de cet étage à la fin de sa mission n’était pas prévue. Plusieurs essais et expériences en vol étaient programmés pour recueillir des données sur des scénarios non nominaux et sur des profils de vols futurs, bien que ces essais n’aient pas pu être menés à leur terme en raison de l’explosion de l’étage lors de sa descente. Parmi les expériences prévues, figure un vol avec un angle d’attaque plus élevé que d’habitude pendant la descente afin d’augmenter la traînée atmosphérique et de réduire la consommation de carburant pour la récupération. Les données collectées à partir de ce contrôle de vol à un angle d’attaque accru devraient contribuer à améliorer les performances des futurs véhicules, y compris la prochaine génération de Super Heavy, déjà en développement.

Un autre essai intéressant consistait à désactiver intentionnellement l’un des trois moteurs centraux pendant la phase finale de la descente pour observer la performance d’un moteur de secours de l’anneau central. Le booster aurait ensuite fonctionné avec seulement deux moteurs pour simuler un atterrissage, avec un arrêt des moteurs prévu au-dessus du golfe du Mexique avant que l’étage ne termine sa course dans la mer.

Objectifs de l’étage supérieur

L’étage supérieur, quant à lui, devait suivre une trajectoire suborbitale et tenter de réaliser des objectifs manqués lors des tests précédents. Malheureusement, ces objectifs ont été une fois de plus ratés, dont le déploiement de huit simulateurs StarlinkStarlink, similaires aux satellites Starlink de nouvelle génération. Un réallumage d’un unique moteur Raptor dans l’espace était également prévu.

Le revêtement thermique du véhicule devait être mis à l’épreuve ; une quantité significative de tuilestuiles a été retirée pour tester des zones vulnérables lors de la rentrée. Différentes options de carreaux métalliques, incluant un système de refroidissement actif, devaient également être testées pour protéger Starship lors de cette phase critique. Les tuiles, ayant présenté des points chaudspoints chauds lors du sixième essai en vol, ont été modifiées pour afficher des bords lissés et effilés, réduisant ainsi le risque d’apparition de ces points chauds.

Enfin, le profil de vol du véhicule a été conçu pour stresser intentionnellement les limites structurelles des volets arrière de l’étage supérieur au moment où la pression dynamique d’entrée atteint son maximum.

Enjeux politiques et économiques

Pour SpaceX et Elon Musk, ce neuvième vol – ainsi que les trois ou quatre suivants- revêt une importance bien plus grande qu’il n’y paraît. En effet, ces essais se déroulent dans un contexte politique bouleversé par l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui a opéré un changement significatif dans les priorités concernant l’exploration spatiale. Son administration propose notamment d’abandonner le lanceur SLS et le vaisseau Orion au profit de solutions commerciales plus économiques.

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Dans ce cadre, le Starship de SpaceX, conçu pour être un vaisseau spatial entièrement réutilisable, et le New Glenn de Blue Origin, un lanceur lourd en développement, figurent parmi les alternatives envisagées pour remplacer le SLS et, potentiellement, le vaisseau OrionOrion. Notons que des scénarios à l’étude n’excluent pas l’idée de conserver le vaisseau Orion tout en le propulsant avec un lanceur commercial. Ces deux lanceurs pourraient ainsi répondre aux besoins de la Nasa tant pour l’exploration lunaire que pour des missions au-delà, c’est-à-dire à destination de Mars et vers des astéroïdesastéroïdes.

Dans ce contexte, alors que le processus budgétaire suit son cours aux États-Unis, avec des décisions attendues pour fin septembre ou début octobre, les essais de vol de SpaceX sont cruciaux. Ils ne sont pas seulement déterminants pour le développement du Starship, mais également pour renforcer la crédibilité de SpaceX en démontrant la fiabilité et l’efficacité de son vaisseau. Un succès dans ces tests pourrait influencer les décisions politiques, justifiant ainsi l’abandon du SLS et son remplacement par un lanceur commercial. À contrario, des échecs répétitifs ou l’absence d’avancées notables dans le développement du Starship pourraient pousser le Congrès à continuer à financer le SLS et Orion. À suivre.

Auteur : Rémy Decourt, Journaliste

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