Toujours plus de satellites : ce qui se cache derrière les vols de SpaceX
L’année 2025 arrive à peine à sa moitié et SpaceX a déjà déployé plus de 1 000 satellites ! C’est un nouveau record de déploiement massif pour la compagnie d’Elon Musk. Ce record inquiète au plus haut point les surveillants du trafic spatial, déjà surpeuplé. Mais quels sont ces satellites pour qu’on ait besoin d’en déployer autant ?
Près de 11 000 satellites sont actuellement actifs en orbite autour de la Terre. C’est quatre fois plus qu’il y a dix ans ! La plupart d’entre eux ont été mis en orbite par SpaceXSpaceX car, d’une part, plusieurs milliers de ces satellites appartiennent à la constellation StarlinkStarlink – propriété de l’entreprise – et, d’autre part, grâce à la réutilisation, la Falcon 9 est devenue la fuséefusée la plus disponible de la planète.
Depuis 2023, le nombre de lancement Falcon 9 continue d’exploser. Ainsi, du 1er janvier au 21 mai 2025 inclus, SpaceX a déployé 1 320 satellites au cours de 60 lancements Falcon 9 ! Parmi eux, on compte 1 039 satellites Starlink de télécommunications depuis l’orbite basse, dont 221 dédiés à la connexion directe au téléphone. Les autres satellites sont détaillés par type de mission :
- 77 satellites Starshield de reconnaissance du Pentagone (NRO), construits par SpaceX ;
- 2 satellites de télécommunications commerciaux à destination de l’orbite géostationnaire ;
- 4 sondes lunaires, dont 3 privées (Blue Ghost, Athena et Hakuto ;
- 2 vaisseaux spatiaux Crew DragonCrew Dragon (Crew 10 et Fram2) et 1 cargo Dragon ;
- 2 satellites militaires ;
- 1 télescope spatialtélescope spatial de la NasaNasa (SphereX) et 9 petits satellites scientifiques ;
- 64 satellites commerciaux d’imagerie terrestre et 4 satellites d’imagerie civile ;
- 25 satellites commerciaux de suivi du trafic maritime, aérien, ou spatial ;
- 12 satellites commerciaux d’Internet des objetsInternet des objets ;
- 2 capsules « usines spatiales » commerciales (Varda Space) ;
- 5 satellites de service en orbite (déploiement orbital, hébergement d’expérience, etc.) ;
- 3 petits satellites commerciaux de données météométéo ;
- 46 satellites de démonstration de technologie, dont 31 privés, 2 militaires et 13 universitaires ;
- 18 petits satellites universitaires dédiés à la formation ;
- 8 autres (dont 3 radioamateurs).
La frénésie Starlink continue
Depuis 2019, l’empire d’Elon MuskElon Musk a construit et déployé plus de 8 700 satellites Starlink. C’est plus de trois fois la population satellite d’il y a dix ans ! Le déploiement massif a accéléré avec l’augmentation des tirs de fusées Falcon 9 depuis l’année dernière et aussi car SpaceX a légèrement modifié la version pour en mettre un peu plus dans la coiffe du lanceurlanceur. SpaceX compte également sur le StarshipStarship à l’avenir pour déployer Starlink, mais avec des satellites beaucoup plus gros.
SpaceX a donc déployé plus des deux tiers des 12 000 satellites autorisés par la direction fédérale américaine de l’aviation et des activités spatiale, la FAA. Mais SpaceX ne compte pas en rester là. La compagnie compte encore en déployer 30 000 autres afin d’assurer un service de 5G5G depuis l’orbite qui couvre l’intégralité du globe. On a toutefois encore du mal à imaginer que ce besoin justifie une constellation satellite aussi démesurée !
Et qui sont les autres ?
La plupart des 261 autres satellites ont été déployés à l’occasion des deux vols « Transporter », spécialisés dans la mise en orbite de plusieurs dizaines de petits satellites en une seule fois. Beaucoup d’entre eux (124 satellites) sont même des nanosatellitesnanosatellites de moins de 10 kilos dont le design est basé sur le standard du « cubesat », avec pour unité de volumevolume un cube de 10 centimètres de côté.
Parmi les nombreux satellites commerciaux, on retrouve souvent des satellites d’imagerie de la surface terrestre, dont les données et les images sont ensuite rachetées par les gouvernements, les armées ou le monde du numériquenumérique comme Google EarthGoogle Earth.
Les promesses d’une économie spatiale boostent la mise en orbite quotidienne
Un rapport de Goldman Sachs, régulièrement repris par l’Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA), indique que le marché du spatial et de ses applicationsapplications pourrait atteindre un volume de 1 000 milliards de dollars en 2040. Une partie substantielle est notamment incarnée par le service de télécommunications depuis l’orbite basse et par l’imagerie terrestre. Or, la qualité de ces deux services repose nécessairement sur plusieurs satellites, voire plusieurs centaines ou milliers. Mirage selon certains économistes, le marché spatial reste une promesse qui motive beaucoup de projets ! Le manifeste de commandes de vols SpaceX n’est pas prêt de se vider.
Auteur : Daniel Chrétien, Rédacteur scientifique
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