Trump vs Musk : quelles conséquences pour l’avenir de la Nasa ?
L’alliance entre le président américain Donald Trump et Elon Musk semble avoir pris fin. Les deux milliardaires se sont livrés à des échanges d’insultes et de menaces sur leurs réseaux sociaux respectifs. Est-ce un tournant pour le spatial américain ou juste un clash à l’américaine pour occuper l’espace ?
« Il est devenu fou », déclare le président américain au sujet d’Elon MuskElon Musk. Faut-il destituer Donald Trump ? Oui, répond le fondateur de SpaceXSpaceX. C’est la fin de la « bromance » entre les deux milliardaires. Cette alliance qui avait permis à Donald Trump de remporter les élections présidentielles l’année dernière semble se terminer avec fracas et échanges d’insultes et de menaces par réseau socialréseau social interposé.
Une semaine après son départ de la Maison Blanche, Elon Musk n’a pas traîné pour se retourner contre son ami, en commençant par critiquer son grand projet de loi, le « Big Beautiful Bill ». De son côté, Trump et son équipe gouvernementale se sont agacés des nombreuses ingérences d’Elon Musk et des nombreux conflits d’intérêts qui l’entourent, dont son rôle nébuleux dans la nomination de Jared Isaacman comme futur directeur de la Nasa, une décision sur laquelle Trump est depuis revenu, exposant l’agence spatiale à un avenir incertain.
Menaces en l’air ?
Hier, Elon Musk a déroulé une série de posts sur X accusant le président d’ingratitude, menaçant de fonder un nouveau parti politique, appelant à le destituer. En réponse, Trump l’a menacé sur son réseau Truth de mettre un terme à tous les contrats entre le gouvernement américain et les entreprises d’Elon Musk, dont TeslaTesla et SpaceX. Répondant à son tour, Elon Musk a menacé de rendre indisponible le vaisseau Dragon qui sert à transporter les astronautes entre la Terre et la Station spatiale internationale (ISS), avant de revenir en arrière.
Nombreux sont les internautes qui s’inquiètent au sujet de l’avenir du spatial américain après avoir été témoins de ce clash historique. Y a-t-il un danger pour SpaceX ? A priori, non. Les enjeux derrière les contrats entre SpaceX et les États-Unis sont bien plus importants que ces absurdes agressions mutuelles en ligne. SpaceX reste un partenaire important de la Nasa et du Pentagone.
S’agit-il donc surtout de menaces en l’air portées par deux individus connus pour leur incommensurable égo ? Possible, mais cet échange de virilité va sans doute peser dans la vision spatiale américaine.
Mauvais timing pour SpaceX
S’il est difficile d’imaginer la suite, ce revirement dans les relations entre Trump et Musk pourrait néanmoins rebattre les cartes dans l’obtention des futurs contrats gouvernementaux. Si la situation empire, cela profitera aux concurrents de SpaceX, qui ont attendu en silence la fin de la bromance. Parmi la concurrence, la société Blue Origin fondée par Jeff Bezos semble se préparer à accélérer la cadence des vols New GlennNew Glenn.
Le timing est mal choisi pour SpaceX car le Starship est encore loin d’être opérationnel. Tant que son développement prend du retard, le reste de l’écosystèmeécosystème spatial se renforce pour être plus résilientrésilient. D’ailleurs, Blue Origin continue le développement de son atterrisseur lunaire, retenu initialement par la Nasa pour des missions ultérieures à Artemis IV. C’est une redondance plus qu’intéressante tant on a encore du mal à imaginer le Starship servir de navette des astronautes vers la surface lunaire.
Il est également difficile de savoir si la priorisation de l’exploration habitée de Mars sera toujours d’actualité pour la Maison Blanche. Donald Trump avait déjà précisé une fois il y a quelques mois que ce n’était pas une « top priorité ».
Le dernier mot pour le Sénat américain
Qu’importe la vision des différents présidents américains, de Barack Obama à Donald Trump, c’est le Sénat des États-Unis qui garde un ultime contrôle sur le budget du programme spatial américain. Dans sa proposition du budget pour la Nasa en 2026, la Maison Blanche avait suggéré de mettre fin au Space Launch System (SLS), la fuséefusée lunaire et son vaisseau OrionOrion, ainsi qu’à la future station spatiale lunaire GatewayGateway, au profit de vols habitésvols habités vers Mars plus tôt que prévu.
Dans sa contre-proposition de budget, le comité au commerce du Sénat dirigé par le républicain texan Ted Cruz rappelle vouloir sauver le SLS, Orion, et Gateway, d’une mort prématurée. Cruz rappelle que les États-Unis en ont besoin pour « ne pas abandonner la LuneLune à la Chine ». La proposition de Cruz rejette aussi la baisse budgétaire pour les opérations américaines de l’ISS.
En rejoignant la campagne de Trump en juillet 2024, Elon Musk a fait « tapis » avec ses entreprises en comptant sur le support inconditionnel du président américain sans trop se soucier du Sénat. Tapis perdant ? On l’ignore encore tant qu’on nage dans le bluff entre les deux milliardaires.
Auteur : Daniel Chrétien, Rédacteur scientifique
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