Voici l’image la plus spectaculaire d’une galaxie proche jamais captée depuis la Terre !
En astronomie, les images ne contiennent généralement qu’une dizaine de couleurs différentes tout au plus, qu’elles soient vraies ou fausses, ce qui limite les informations disponibles sur les astres photographiés. Mais en utilisant l’instrument Muse équipant le VLT de l’ESO au Chili, une équipe internationale d’astronomes a réussi à produire une somptueuse photographie d’une galaxie avec une palette de milliers de teintes différentes.
Depuis quelques années, les images parfois somptueuses du télescope spatial James-Webb – et parfois encore aussi celles du télescope Hubble – font souvent la Une de l’actualité astronomique. Un communiqué de l’ESO nous rappelle aujourd’hui que les télescopes au sol ont encore de la ressource comme on peut le constater avec une image réalisée avec des photons collectés pendant plus de 50 heures à l’aide de l’instrument Muse (Multi Unit Spectroscopic Explorer) du Very Large TelescopeVery Large Telescope (VLT) de l’Observatoire Européen Austral.
L’image ultra-détaillée qui en a résulté provient de l’assemblage de plus de 100 expositions pour couvrir une zone de la galaxie du Sculpteur d’une largeur d’environ 65 000 années-lumière. Cette galaxie spirale intermédiaire visible dans la constellationconstellation du Sculpteur a été découverte par Caroline HerschelCaroline Herschel en 1783 alors qu’elle effectuait une recherche de comètescomètes.
On sait aujourd’hui qu’elle est située à environ 11 millions d’années-lumière de la Voie lactéeVoie lactée, que c’est une galaxie à sursautssursauts de formation d’étoilesétoiles, c’est-à-dire une galaxie affichant un très haut taux de formation d’étoiles, et qu’elle contient probablement un trou noir supermassiftrou noir supermassif d’une massemasse estimée à 5 millions de masses solaires.
Des astronomes ont capturé une image exceptionnelle en mille couleurs de la galaxie du Sculpteur. Pour créer cette image très détaillée, l’équipe de chercheurs a passé plus de 50 heures à observer la galaxie avec l’instrument Muse (Multi Unit Spectroscopic Explorer) du Very Large Telescope (VLT) de l’ESO. En cartographiant cette galaxie dans des milliers de couleurs ou de longueurs d’onde différentes, les astronomes peuvent tout savoir sur les étoiles, le gaz et la poussière qu’elles contiennent. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l’écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © ESO.
La galaxie du Sculpteur, une galaxie laboratoire ?
Comme l’explique également un article publié dans Astronomy & Astrophysics l’image aujourd’hui sur le devant de la scène se singularise des précédentes parce qu’elle a été prise dans des milliers de bandes de longueurs d’ondeslongueurs d’ondes simultanément, ce qui nous donne de nombreux renseignements sur l’état des étoiles et du gazgaz présent dans la galaxie du Sculpteur, de quoi mieux comprendre sa structure, son évolution et indirectement en s’en servant comme modèle des autres galaxies similaires.
Dans le communiqué de l’ESO, Enrico Congiu, chercheur à l’European Southern ObservatoryEuropean Southern Observatory et qui a dirigé la nouvelle étude publiée, précise que « les galaxies sont des systèmes incroyablement complexes que nous avons encore du mal à comprendre. La galaxie du Sculpteur se trouve dans un endroit idéal. Elle est suffisamment proche pour que nous puissions résoudre sa structure interne et étudier ses éléments constitutifs avec des détails incroyables, mais en même temps, elle est suffisamment grande pour que nous puissions la voir comme un système complet ».
Sa collègue Kathryn Kreckel, de l’université d’Heidelberg en Allemagne, coauteure de l’étude, ajoute qu’avec la nouvelle image « nous pouvons faire un zoom avant pour étudier les régions spécifiques où les étoiles se forment à une échelle proche de celle des étoiles individuelles, mais nous pouvons également faire un zoom arrière pour étudier la galaxie dans son ensemble ».
Un outil pour la détermination des distances cosmiques
Cela a permis aux astrophysiciensastrophysiciens de découvrir dans NGC 253 – l’autre nom de la galaxie du Sculpteur, également appelée galaxie du dollar d’argentargent et Caldwell 65 -, environ 500 nébuleuses planétaires, des régions de gaz et de la poussière rejetés par des étoiles mourantes semblables au SoleilSoleil. Ces objets peuvent servir d’indicateurs primaires de distances pour évaluer celles des galaxies proches et ensuite étalonner des indicateurs secondaires qui font partie de la fameuse échelle des distances cosmiques. On peut alors utiliser des Cépheides et des supernovæ SN Ia pour sonder l’UniversUnivers profond et l’évolution de l’accélération de l’expansion du cosmoscosmos observable. Les erreurs s’accumulant sur chaque maillon de cette échelle, un gain de précision sur chacun d’entre eux permet de réduire nos incertitudes sur l’évaluation de bien des paramètres décrivant l’Univers observable.
Le communiqué de l’ESO se conclut en expliquant que des futurs projets utilisant la nouvelle carte de NGCNGC 253 exploreront la manière dont le gaz s’écoule, modifie sa composition et forme des étoiles dans toute la galaxie. « La façon dont de si petits processus peuvent avoir un impact aussi important sur une galaxie dont la taille totale est des milliers de fois plus grande reste un mystère », précise Enrico Congiu.
Auteur : Laurent Sacco, Journaliste scientifique
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