Gilles Dowek, chercheur en informatique, est mort à l’âge de 58 ans d’un cancer, ce lundi 21 juillet, a annoncé Le Monde.
Sur son site, il expliquait s’intéresser « à la formalisation des mathématiques, aux systèmes de traitement des démonstrations, à la physique du calcul, à la sûreté des systèmes aéronautiques et spatiaux, et à l’épistémologie et à l’éthique de l’informatique ».
Fin 2023, il était récompensé du Grand Prix Inria – Académie des sciences pour sa « carrière exemplaire ». L’institut de recherche en informatique le présentait à cette occasion comme un « explorateur des méthodes formelles ».
Travaillant autour des langages utilisés pour l’assistant de preuve Rocq (anciennement Coq), il expliquait à Inria : « Une vingtaine de langages de preuve sont employés actuellement, ce qui pose de mon point de vue des enjeux d’universalité et de partage. La notion de vérité mathématique est un universel anthropologique, que nous devons essayer de préserver, en veillant à ce que les preuves effectuées puissent être lues partout ».

Avec son équipe Deducteam, il développait un nouveau cadre logique. « Dénommé Dedukti (ce qui signifie « déduire » en Esperanto), [celui-ci] permet d’exprimer des théories et des logiques communes pour les différents systèmes. Nous traduisons en Dedukti les principales fonctionnalités de chaque assistant de preuve », indiquait-il.
Il a vulgarisé les enjeux de l’informatique à travers plusieurs livres et dans des articles de vulgarisation parus notamment dans Pour la Science. Membre du Conseil national du numérique, il avait aussi été l’une des chevilles ouvrières du comité consultatif national d’éthique du numérique (CNPEN), relève Le Monde.
Il s’intéressait beaucoup aux enjeux d’éthique en informatique. « Gilles était un moteur dans la façon de réfléchir à ces questions. Sa clarté de vue, son originalité et sa façon d’expliquer les choses ont marqué plusieurs avis. Sa disparition est une perte importante pour la communauté scientifique mais aussi pour la communauté de l’éthique du numérique », témoigne dans les pages du Monde le président du Comité consultatif national d’éthique du numérique et chercheur émérite d’Inria, Claude Kirchner.
Homosexuel engagé, Gilles Dowek avait aussi présidé, en 1999, l’Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour (Ardhis).
Auteur : Martin Clavey
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