Décryptage technologique

Croissance externe : des opérations bénéfiques pour les petites et moyennes entreprises


Croissance externe : des opérations bénéfiques pour les petites et moyennes entreprises
Près de 81 % des dirigeants de PME ont envisagé de mener un rachat d’entreprise entre 2018 et 2022. SummitArtCreations/Shutterstock

Les petites et moyennes entreprises (PME) réalisent de plus en plus des opérations de croissance externe. L’avantage ? Se développer. L’inconvénient ? Les financer. Pour ce faire, les PME doivent recourir à de la dette ou des financements propres.


La croissance externe est une opération par laquelle une entreprise acquière une autre entité, afin d’accélérer son développement en renforçant ses positions sur un marché ou en diversifiant sa gamme de produits ou ses implantations géographiques. Par exemple, dans le nord de la France, le groupe REG spécialisé en équipements industriels a acquis 100 % du capital de la société ERTP.

Les opérations de croissance externe sont souvent associées aux entreprises de grande taille, l’entreprise de services numérique Capgemini souhaite acquérir WNS Holdings, une société de services technologiques pour 2,9 milliards de dollars.

Au demeurant, la croissance externe constitue aussi un levier de forte croissance à disposition des petite ou moyenne entreprises (PME), dès lors qu’elles surmontent les contraintes d’accès aux financements liées à leur taille. Rappelons que les PME ont pour caractéristique d’employer moins de 250 personnes ou de réaliser un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros. Au niveau de l’économie dans son ensemble, la croissance des PME est non seulement un facteur de développement de l’innovation et de création d’emplois, mais elle se situe aussi au cœur des débats sur les difficultés des PME françaises à se développer en Europe et à l’international.

Levier efficace de croissance pour les PME

Les opérations de croissance externe présentent de véritables enjeux pour l’écosystème des PME. L’étude de Bpifrance relève que si 81 % des dirigeants ont envisagé de mener une opération de croissance externe sur la période 2018-2022. Seulement 34 % ont concrétisé cette intention. Ce constat illustre les difficultés rencontrées par les dirigeants de PME dans la gestion de la complexité de ces opérations alors que leur taille peut apparaître modeste. 55 % de ces dernières ont une valeur inférieure à un million d’euros.

Des facteurs liés à la démographie des dirigeants de PME renforcés par les pressions induites par la crise sanitaire et les incertitudes économiques liées aux modifications géopolitiques incitent certains dirigeants de PME à céder leur entreprise. La part des dirigeants de 66 ans est passée de 5,5 % en 2005 à 11,3 % en 2020. En alimentant la demande sur le marché de la cession d’entreprises, la croissance externe favorise donc la transmission des PME.

L’accroissement de la taille résultant de l’intégration de la cible permet de réaliser des synergies rapides en termes de coûts et de revenus. Elles ont pour conséquence d’augmenter la valeur de l’entreprise ; de facto le patrimoine des actionnaires de l’acquéreur. Dans une étude publiée dans European Management Review, nous montrons que ces bénéfices sont exacerbés pour les PME de plus petite taille réalisant des opérations de croissance externe importantes. Ainsi, alors que les entreprises moyennes (chiffre d’affaires compris entre 20 millions et 50 millions d’euros) multiplient par deux leur chiffre d’affaires grâce à la croissance externe, le coefficient multiplicateur est de 5 dans les très petites entreprises (TPE).

Financement par levées de capitaux propres

La croissance externe génère un besoin de financement externe significatif. Les levées de capitaux propres permettent aux PME de couvrir ce besoin, tout en limitant le risque financier inhérent aux opérations de croissance externe. Les actionnaires de PME manifestent souvent des réticences à recourir à ce type de financement, car il conduit à une perte de contrôle des actionnaires actuels et à un partage de la valeur créée. Ce dernier point est à nuancer. La hausse de la compétitivité attendue de l’opération permet d’accroître la profitabilité de l’entreprise et contribue ainsi à l’augmentation de la valeur de l’entreprise.


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En France, les levées de capitaux propres sont favorisées par un marché du capital-investissement développé, deuxième marché du capital-investissement en Europe. Elles rendent possible la réalisation d’investissement de croissance externe par les PME. Habituellement, le coût élevé de la dette rendait souvent impossible la réalisation de cette stratégie de croissance par des PME. La raison : la réticence des prêteurs à financer ces opérations au regard du niveau élevé du risque de faillite.

La taille relative de l’opération exerce une influence importante sur le financement des investissements en croissance externe comme l’illustre le tableau suivant.

PME ayant financé leur acquisition par des levées de capitaux propres.
Fourni par l’auteur

La réalisation de synergies et le risque de perte sont plus élevés lorsque l’acquéreur est de petite taille et l’opération de croissance externe importante. La taille relative d’une opération influence la capacité de la PME à supporter un éventuel échec de l’opération. Elle fournit une mesure des gains potentiels pour les investisseurs en cas de succès de l’opération.

Paiements en actions

Si les PME souhaitent ne pas procéder à des levées de capitaux propres, elles peuvent recourir à des paiements en actions, c’est-à-dire à la remise d’actions de l’acquéreur en échange d’actions de l’entreprise rachetée. Du côté de l’acquéreur, le paiement en actions permet d’alléger les contraintes liées au financement de la croissance externe puisque le paiement de l’opération est réalisé par la remise d’actions de l’acquéreur. Du côté de l’entreprise acquise, il permet aux actionnaires de la cible de rester investis dans le nouvel ensemble et d’être associés aux bénéfices attendus de l’opération.

Dans un secteur en consolidation, le recours aux paiements en actions est une modalité de financement particulièrement adaptée en raison de l’importance des besoins de financement générés par la multiplication des opérations sur une période de temps limitée. Il s’agit d’une modalité qui facilite la réalisation des opérations en permettant aux cédants d’être associés aux synergies attendues de la consolidation du secteur. Dans le secteur des laboratoires de biologie médicale qui a connu une intense période de consolidation (le nombre de laboratoires a été divisé par trois sur la période 2011-2015), un tiers des opérations représentant 20 % des montants des acquisitions d’entreprises ont donné lieu à des paiements en actions.

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

Auteur : Ludivine Chalencon, Maître de conférences, finance et comptabilité, iaelyon School of Management – Université Jean Moulin Lyon 3

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Artia13

Bonjour ! Je m'appelle Cédric, auteur et éditeur basé à Arles. J'écris et publie des ouvrages sur la désinformation, la sécurité numérique et les enjeux sociétaux, mais aussi des romans d'aventure qui invitent à l'évasion et à la réflexion. Mon objectif : informer, captiver et éveiller les consciences à travers mes écrits.

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