Exploration humaine de Mars : les opportunités et défis du budget 2026 de la Nasa
Dans le domaine de l’exploration spatiale, le budget proposé par l’administration Trump met l’accent sur Mars, sans pour autant oublier la Lune. Malgré l’abandon de plusieurs programmes phares, tels que Gateway, SLS et Orion, les États-Unis semblent se fixer de nouveaux défis. Nous analysons un budget qui, s’il était voté dans sa forme actuelle, pourrait permettre aux Américains d’atteindre Mars seulement deux décennies après leur retour sur la Lune !
Alors que beaucoup de commentateurs se concentrent sur les missions annulées et les coupes budgétaires au sein de la Nasa dans les sciences spatiales et l’observation de la Terreobservation de la Terre, il nous a paru intéressant de mettre en lumière les efforts significatifs déployés pour l’exploration humaine de Mars. Malgré des coupes budgétaires sans précédent, que nous avons évoquées dans un article publié hier, le budget présidentiel pour l’exercice 2026 révèle une ambition renouvelée pour préparer une première mission habitée vers la Planète rouge. Voici notre analyse des éléments clés de ce budget et des objectifs futurs de la Nasa dans le domaine de l’exploration habitée.
Le budget 2026 prévoit 8,3 milliards de dollars pour les systèmes d’exploration, soutenant à la fois le retour de l’Amérique sur la Lune et l’investissement dans des programmes axés sur Mars. Ce montant comprend la confirmation des quatre premières missions Artemis, notamment Artemis III, qui prévoit le retour d’Américains sur la Lune d’ici la mi-2027, ce qui nous paraît très optimiste. L’accélération du développement de technologies essentielles pour les missions habitées vers Mars s’inscrit également dans ce budget.
La Lune toujours utilisée comme tremplin pour Mars
Pour l’administration Trump, la Lune est toujours perçue comme un tremplin vers Mars. Mais, contrairement à la présidence Biden, l’approche sera différent. Les connaissances opérationnelles et les avancées technologiques acquises grâce à l’exploration lunaire sont considérées comme des atouts stratégiques. Elles permettront à la Nasa et à l’industrie américaine de devancer ses concurrents et de réaliser l’ambition d’envoyer des astronautes sur Mars, tout en veillant à leur retour sain et sauf sur Terre.
Transition vers des systèmes commerciaux
Sans surprise, le système de lancement Space Launch System (SLS) et le vaisseau spatial OrionOrion seront définitivement mis hors service après la mission Artemis III. La Nasa prévoit de les remplacer par un système de transport de la Lune vers Mars (M2M) et des alternatives commerciales pour des vols à destination de la Lune. Cette stratégie du tout privé et du partenariat public-privé vise à favoriser une réduction des coûts et une augmentation de l’efficacité des missions lunaires et martiennes. Cet engagement envers le secteur privé vise également à renforcer le leadership de l’industrie spatiale américaine. America First !
Investissements pour Mars : 930 millions de dollars
Conformément aux objectifs de l’administration Trump, le budget alloue 930 millions de dollars à de nouveaux investissements pour développer des technologies destinées à des missions martiennesmissions martiennes. Ces projets incluent la démonstration de concepts d’atterrisseurs adaptés aux missions habitées et la conception de combinaisons spatiales pour les astronautes sur Mars. Le bureau de la Nasa dédié à l’exploration lunaire et martienne (ESDMD) prévoit également d’entamer des études industrielles sur le transport humain vers et depuis Mars, ainsi que de déployer des capacités de relais de communication autour de la planète afin d’améliorer les liaisons entre Mars et la Terre. Ces services de communications planétaires pourraient être fournis par une entreprise privée.
Programme Moon-to-Mars
Dans le cadre de ce programme ambitieux, la Nasa s’apprête à dupliquer le programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS) pour la Lune et à créer un nouveau programme, le Commercial Mars Payload Services (CMPS). Ce dernier sera chargé de lancer des missions précurseurs et des démonstrateursdémonstrateurs technologiques vers Mars, en se concentrant sur le financement de concepts d’atterrisseurs robotiquesrobotiques. Quant à la préparation d’une mission habitée sur Mars, la Nasa concentrera ses efforts autour du système de transport de la Lune vers Mars (M2M), qui remplacera le SLS et Orion.
Les héritages du programme Artemis
Concernant l’exploration humaine de Mars, la Nasa s’appuiera sur les développements nécessaires au programme Artemis de retour sur la Lune afin d’en dériver des systèmes et des pratiques opérationnelles qui seront adaptés pour Mars. Concrètement, le ou les rovers pressurisés et autres véhicules tout-terrain pour la Lune seront adaptés à l’environnement martien. Des combinaisons spatiales destinées à être utilisées par les astronautes pour vivre et travailler sur la surface martienne seront développées. Quant au programme d’un système d’atterrissage humain pour la Lune (HLS), pour lequel SpaceXSpaceX et Blue Origin ont obtenu chacun des contrats de développement et de service d’alunissage, la Nasa prévoit de le renforcer. L’idée est de maintenir une certaine concurrence en soutenant le développement de différents systèmes d’atterrissage, dont certains pourraient être adaptés pour des missions martiennes. Vivre et travailler sur la Lune jouera un rôle crucial dans le développement de systèmes intégrés, tels que ceux liés au support de vie, à la radioprotection, à l’alimentation, à la sécurité incendie, ainsi qu’à l’aération et à la ventilationventilation. De plus, cette expérience permettra d’affiner les technologies d’avionique, de logicielslogiciels, de gestion logistique et de gestion des déchetsdéchets, essentielles pour les futures missions habitées vers Mars et au-delà.
Une déception demeure cependant : l’abandon du Gateway, qui semblait essentiel pour préparer des missions de longue duréedurée vers Mars. Ce rôle pourrait désormais être transféré à de futures stations spatialesstations spatiales privées qui succéderont à la Station spatiale internationale. La Nasa justifie ce choix par la décision de mettre fin au programme SLS et Orion, dont l’architecture des missions lunaires avec Orion nécessitait cette petite station spatiale, située à proximité de la Lune. Consciente que cette décision plonge les partenaires internationaux de la Nasa engagés dans le GatewayGateway, principalement l’Europe, le Japon, le Canada et les Émirats arabes unis, la Nasa devrait apporter un soutien financier sous une forme à définir et identifier ce qui pourrait être adapté pour l’exploration humaine de Mars. En parallèle, ses partenaires sont invités à réfléchir à quelles autres utilisations pourraient servir les modules et les différents équipements (bras robotique, sas de sortie…) qu’ils devaient fournir. À suivre de près.
Auteur : Rémy Decourt, Journaliste
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